La chrononutrition va-t-elle trouver sa place dans la panoplie des mesures visant à endiguer l’épidémie d’obésité? Jusqu’à présent, même si l’on connaît l’existence de cycles d’activités au cours des 24 heures, par exemple pour les organes, les praticiens qui basent leurs régimes sur le fait de pouvoir manger ou non certains aliments à certaines heures, ne bénéficient pas de la moindre crédibilité dans la nutrition basée sur les preuves. D’un autre côté, les professionnels s’accordent à considérer que manger à n’importe quelle heure du jour et de la nuit n’est pas souhaitable, et reconnaissent donc, de manière implicite, l’importance du schéma horaire.
Dans les deux cas, l’horloge joue un rôle, sans que des preuves formelles n’aient été apportées. Intuition? Et si la simple limitation de la plage horaire consacrée à la prise de nourriture avait déjà un effet?
Huit heures par jour
C’est ce que suggère cette nouvelle étude menée sur deux groupes de souris: l’un pouvait manger 24 heures sur 24, l’autre avait un accès à la nourriture limité à 8 heures par jour. Les deux groupes disposaient d’une alimentation riche en lipides et pouvaient manger ad libitum. Constat: bien que la quantité de nourriture (donc d’énergie) ingérée était rigoureusement la même dans les deux groupes, les animaux pouvant manger jour et nuit sont devenus obèses, alors que ceux dont le schéma alimentaire a été restreint ne le sont pas devenus. De plus, les marqueurs mesurés montrent que les animaux mangeant 8 heures par jour souffrent moins de dommages hépatiques, présentent un niveau d’inflammation plus faible et affichent un meilleur rythme métabolique et physiologique.
Bien entendu, nous ne sommes pas des souris, et rien ne dit que notre schéma alimentaire optimal soit de 8 heures par jour. Néanmoins, ces données, combinées à celles montrant qu’un temps de sommeil trop court pourrait aussi favoriser l’obésité, font du rythme horaire un sujet en plein essor dans la compréhension des nombreux facteurs impliqués dans l’obésité.
Référence:
Hatori M. et al., Cell Metabolism, 17 mai 2012.