Si le cerveau peut petit à petit prendre goût à la junk-food jusqu’à l’addiction, au point de bouder les aliments sains, l’inverse est aussi possible. Une étude récente révèle des changements d’activité d’une zone du cerveau liée à la récompense, le striatum, au fur à mesure de l’adaptation aux aliments à faible teneur en calories, et la possibilité de retrouver le plaisir des aliments sains.
Le cerveau pourrait être entraîné à préférer des aliments sains, grâce à un régime qui ne laisse pas sur sa faim. Une réadaptation qui ne va pas de soi, car les aliments riches en calories apportent spontanément plus de récompense que des aliments faibles en calories, ce qui peut nous amener à trop en consommer, jusqu’à l’obésité.
Au centre de cette étude, un programme de perte de poids, iDiet se présente comme efficace et facile à suivre à long terme, car il n’augmente pas la sensation de faim. Le régime alimentaire iDiet est riche en glucides lents, en fibres et en protéines et permet de réduire l’apport calorique de 500 à 1.000 calories par jour, sans entraîner une sensation de faim, expliquent les auteurs.
L’étude menée sur 13 participants en surpoids et obèses, en bonne santé par ailleurs, répartis pour suivre le iDiet ou aucun régime alimentaire, est basée sur des scans du cerveau par IRMf au départ de l’étude, puis 6 mois après le programme pour évaluer l’évolution des réponses du système de récompense aux aliments faibles en calories.
Durant cet examen, les participants se voyaient présenter 40 images d’aliments à haute teneur ou à faible teneur en calories. Ils devaient également évaluer leur niveau d’envie pour chaque aliment.
Les participants soumis au iDiet ont perdu en 6 mois 6,3 kg en moyenne vs une prise de poids de 2,1 kg chez les témoins. Ils présentent une plus grande augmentation de l’activation d’une partie du striatum, liée au circuit de la récompense, face aux images d’aliments à faible teneur en calories, et une réduction de l’activation d’une autre partie du striatum face à des aliments à teneur calorique élevée.
Enfin, ils déclarent une appétence plus élevée pour des aliments faibles en calories, et moins élevée pour les aliments riches en calories que le groupe de contrôle, toujours 6 mois après le programme iDiet. Les auteurs précisent néanmoins que cette différence vs témoins n’est pas statiquement significative.
C’est la première étude à montrer les changements inverses dans la réponse du système de récompense du cerveau à des aliments faibles en calories, en réponse à un programme de perte de poids et chez des patients en surpoids. Ces résultats suggèrent évidemment des interventions pour améliorer aussi la «motivation cérébrale» dans l’optique d’une perte, puis du maintien du poids. En synthèse, il est possible de réapprendre à bien s’alimenter, tout en retrouvant le plaisir de bien manger.
T. Deckersbach et al., Nutrition & Diabetes, published online 1/09/2014.