L’apport alimentaire trop important en sel est associé à 1,6 million de décès cardiaques, révèle cette étude de modélisation anglo-saxonne. Ses conclusions, présentées dans le New England Journal of Medicine, rappellent que si une grande partie de notre consommation de sel est cachée dans les aliments préparés, il est inutile de rajouter du sel à notre alimentation.
L’Organisation mondiale de la Santé recommande une consommation maximale de 5 g de sel par jour, soit 2 g de sodium. En effet, des apports alimentaires trop élevés en sel (ou sodium) ont été largement associés au risque cardiovasculaire, cependant si certaines études ont souligné la difficulté d’estimer l’impact réel d’une réduction du sel, d’autres contredisent ce bénéfice.
Les chercheurs de la Tufts University, de la Harvard School of Public Health, du Brigham and Women’s Hospital, des Universités de Washington, de Cambridge et de l’Imperial College London ont estimé les effets de l’apport alimentaire en sel sur la mortalité cardiovasculaire dans le monde, à partir des données disponibles sur la consommation de sodium et sur des effets documentés, dose-répondants, de ces apports sur la pression sanguine et la mortalité cardio-vasculaire.
Ces informations ont été obtenues à partir d’une méta-analyse de tous les essais contrôlés randomisés ayant évalué l’effet de la réduction de sodium sur la tension artérielle, et à partir de 2 grands programmes de recherche internationaux portant sur un total de 1,38 millions de participants ayant subi 65.000 événements cardiovasculaires.
L’analyse aboutit, pour l’année 2010, à 1,65 million de décès associés à des causes cardiovasculaires attribuables à une consommation de plus de 2 g de sodium par jour soit, environ, 5 g de sel alimentaire par jour. Près d’1 décès cardiovasculaire sur 10 serait attribuable à un apport en sodium de plus de 2 g par jour. Précisément,
- le niveau moyen de consommation de sodium estimé dans le monde est de 3,95 g/jour, de 2,18 g à 5,51 g/jour selon les pays,
- la réduction de l’apport en sodium entraîne la réduction de la pression artérielle,
- chaque réduction de 2,3 g de sodium/jour est associée à une réduction de 3.82 mmHg de la pression artérielle,
- or réduire la pression artérielle est associé à une réduction du risque de décès cardiovasculaire.
Cette étude de modélisation et d’association conclut ainsi à 1,65 million de décès cardio-vasculaires attribuables, en 2010, à une consommation de sel au-dessus des niveaux recommandés. Si l’étude ne prouve pas que la restriction en sel réduit la mortalité cardio-vasculaire, elle alerte donc, à nouveau, sur les dangers potentiels d’apports systématiquement trop élevés.
Mozaffarian D. et al., The New England Journal of Medicine, 2014, 371:7, 677-679.