La nouvelle piste qui implique les émulsifiants et le microbiote intestinal a été décortiquée par une chercheuse de l’UCL à l’occasion du 18ème Congrès de Nutrition et Santé à Bruxelles.
Nous évoquions il y a quelques mois cette étude parue dans Nature qui, pour la première fois, évoquait le rôle possible des émulsifiants dans le développement d’un syndrome métabolique et d’autres affections chroniques.
Amandine Everard, chercheurs FRS-FNRS qui travaille dans l’équipe du Prof. Patrice Cani (UCL), est revenue sur cette étude pour mettre en perspective sa portée dans la cascade d’évènements reliant alimentation, microbiote, inflammation de faible intensité et obésité.
Endotoxémie
L’obésité est associée à une altération du microbiote, et ce microbiote altéré peut, par transplantation fécale, induire une obésité. Bien qu’il n’y ait pas de consensus sur qui des deux, microbiote altéré ou obésité, précède l’autre, les mécanismes impliqués commencent à être mieux compris.
Ainsi, la fonction barrière de l’intestin joue un rôle-clé, son altération laissant pénétrer dans la circulation sanguine des composés du microbiote intestinal tels que le Lipopolysaccharide (LPS), facteur pro-inflammatoire responsable d’endotoxémie, qui se retrouve notamment chez les personnes obèses et les diabétiques.
Détergents intestinaux
Deux émulsifiants (carboxylméthylcellulose et polysorbate 80) se sont avérés avoir un effet obésogène chez la souris, effet associé à des modifications du microbiote. L’administration de ces émulsifiants à des animaux axéniques est sans effets sur le poids, alors que le transfert du microbiote des souris exposées aux émulsifiants fait grossir les animaux.
D’autres travaux sont requis pour préciser la portée de l’exposition aux émulsifiants alimentaires chez l’Homme, et déterminer dans quelles mesures des modifications de l’écologie intestinale par des pré/probiotiques pourraient enrayer les effets délétères de ces «détergents intestinaux».
18ème Congrès de Nutrition et Santé, Bruxelles, 20/11/2015.