Le lait maternel est connu pour avoir des effets prébiotiques. Mais il se caractérise aussi par son microbiome, encore peu étudié. Ce microbiome semble bien façonné par les minéraux présents dans le lait maternel.
Les associations entre l’apport maternel en minéraux, la concentration minérale du lait maternel et les interactions avec le microbiote du lait maternel restent largement méconnues. Une équipe de chercheurs du Canada a mené des investigations dans ce domaine auprès de femmes d’une communauté indigène du Guatemala, les Mam-Mayan. Cette communauté se caractérise par un allaitement exclusif ou partiel de plus de 6 mois, l’absence d’utilisation d’antibiotiques et l’extraction manuelle du lait plutôt qu’à l’aide d’une pompe à lait.
Les chercheurs ont analysé la teneur en 9 minéraux dans le lait maternel, et évalué les apports alimentaires en ces mêmes minéraux. Ils ont également examiné la diversité du microbiome du lait maternel et exploré les relations entre les minéraux du lait, l’apport en minéraux et les taxons du microbiome.
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Des minéraux du lait maternel associés à des taxons
Les résultats indiquent d’abord que l’apport alimentaire en calcium, sélénium, potassium et manganèse est inférieur aux valeurs de référence. Il en va de même pour la teneur en calcium, sélénium, potassium, magnésium et sodium dans le lait maternel. Les chercheurs ont observé des associations étroites entre la concentration en plusieurs minéraux du lait maternel et son microbiome. Ainsi, en début de lactation, la teneur en fer, manganèse, sélénium et cuivre sont corrélés avec certains taxons. Plus tard, ce sont les teneurs en fer, manganèse, sélénium, calcium et sodium qui sont corrélés à certains taxons. Ce sont surtout le fer et le manganèse qui présentent les plus fortes associations : ils représentent 64 % des associations en début de lactation, et 75 % des associations lors de la lactation tardive. Ils sont corrélés avec Pseudomonadota en début de lactation, Actinomycetota lors de la lactation tardive, et Bacillota tout au long de la lactation.
Les auteurs se gardent cependant bien d’établir un lien de causalité, précisant que ces associations sont de nature exploratoires.
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Optimiser le lait par l’apport en minéraux ?
Va-t-on vers une optimisation des apports alimentaires en minéraux pour modifier la composition minérale du lait maternel pour optimiser son microbiome ? Pas si vite…
Les recherches sur les effets de la consommation de minéraux par la mère sur la composition minérale du lait maternel ont apporté des résultats contrastés. Contrairement à l’apport en acides gras oméga-3 par exemple, qui se retrouvent dans le lait maternel, la composition du lait maternel ne semble que peu influencée par les apports alimentaires pour la plupart des minéraux (avec une exception pour l’iode, dont la présence dans le lait dépend nettement de l’apport alimentaire, et, dans une moindre mesure, le sélénium).
Dans cette étude, les auteurs sont même surpris de constater que les légères associations, néanmoins significatives, entre l’apport en minéraux et la composition minérale du lait maternel sont… négatives. Ils suggèrent qu’en cas de déficience (ce qui est fréquemment le cas dans leur échantillon), il y a une mobilisation et un transport accru du minéral vers le lait maternel. Dès lors, une intervention sur l’apport minéral de la femme qui allaite dans le but d’optimiser la composition minérale du lait maternel parait prématurée…
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Source
Lopez leyva L et al. Front Nutr 2025,12. doi.org/10.3389/fnut.2025.1550292