La transition alimentaire nécessaire vers une alimentation plus durable est en marche, mais quel est son impact sur l’apport en certains micronutriments clés ? Le risque d’apport insuffisant est réel, en particulier pour 6 micronutriments.
La reconnaissance de l’existence d’un dérèglement climatique, qui n’est jamais qu’une facette des conséquences d’une mauvaise gestion de la planète par les Hommes, a donné un coup de boost à la transition alimentaire. Celle-ci consiste à réduire la place des produits animaux, la viande en particulier, au profit des végétaux. Cette transition alimentaire qui est aussi motivée par des raisons de santé, bien que jusqu’à ce jour, ces raisons n’ont pas été en mesure de provoquer le changement escompté. Mais désormais, tout le monde parle d’une inversion du rapport de force dans la part des protéines animales, actuellement dominantes, par rapport aux protéines végétales. Le modèle de référence le plus connu est celui de la commission EAT-Lancet, qui consiste en une alimentation largement (mais pas exclusivement) végétale, basée sur les céréales complètes, les légumes, les fruits, les fruits à coques, les légumineuses et les huiles végétales.
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Alimentation durable et apport en micronutriment
L’impact de cette transition, par exemple sur l’émission de gaz à effet de serre, est relativement facile à évaluer. Plus difficile l’évaluation de son impact sur les apports nutritionnels, en particulier pour ce qui à trait à certains micronutriments dont on sait que les produits animaux constituent une source importante.
C’est précisément pour en savoir plus sur ce sujet qu’une équipe de chercheurs d’Irlande et d’Espagne a mené une revue systématique de 7 bases de données, selon la rigoureuse méthodologie PRISMA. Ils ont porté leur recherche sur les études impliquant des personnes vivant librement publiées depuis l’an 2000. Sur les près de 11 000 études identifiées, 56 ont été incluses, et elles concernaient majoritairement des pays à revenu élevé. Leurs travaux font l’objet d’une publication dans le prestigieux American Journal of Clinical Nutrition.
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Réduction de l’apport en micronutriments
Les résultats ne sont certes pas homogènes, mais ils permettent tout de même d’identifier les micronutriments dont les apports vont diminuer, et d’autres qui vont voir leurs apports augmenter.
Ainsi, les micronutriments qui vont voir leur apport
- Baisser : zinc, calcium, iode, vitamine B12, vitamine A, vitamine D
- Augmenter : fer, folate
Précision que pour le fer, c’est sa forme non hémique, donc moins biodisponible, qui voit son apport augmenter.
Cette modélisation met donc le doigt sur 6 micronutriments d’attention particulière dans le cadre de la transition alimentaire. Les auteurs reconnaissent que la portée de leur étude est limitée en raison du manque de données portant sur des biomarqueurs (une seule étude). Néanmoins, elle a le mérite d’attirer l’attention sur les conséquences pas forcément favorables que peut avoir une alimentation durable, et les auteurs appellent à mener des investigations plus poussées dans ce domaine.
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