Le manque de fer est relativement fréquent parmi les athlètes, surtout chez les femmes, comme en témoigne cette étude. Elle montre également que cela affecte de façon indépendante les capacités maximales.
Le fer est un des micronutriments dont le manque est fréquent, y compris dans nos populations occidentales où règne l’abondance alimentaire. Cet oligo-élément joue un rôle majeur dans les voies de production de l’énergie et le transport de l’oxygène. De ce fait, il revêt une importance particulière chez les sportifs qui visent à maximiser leurs performances. Avec la transition alimentaire qui est en marche vers une alimentation plus végétale, et le nombre de plus en plus élevé d’athlètes qui adoptent une alimentation végétarienne, voire végétalienne, le sujet est on ne peut plus d’actualité…
Il est bien établi qu’une anémie ferriprive est étroitement liée à des performances athlétiques réduites. Ce qui est moins clair, c’est l’impact sur les performances d’une déficience en fer pas suffisamment marquée pour entrainer une anémie.
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Un athlète sur cinq présente une déficience en fer
Quelle est la prévalence de la déficience en fer chez les athlètes ? Peu d’études à grande échelle ont été menées sur ce sujet, d’où l’intérêt de cette recherche menée par une équipe de l’Hôpital Universitaire de Heidelberg, en Allemagne, et publiée dans la revue Nutrition.
Les chercheurs ont donc procédé à un dépistage de la déficience en fer, avec ou sans anémie, auprès d’un groupe de 1190 athlètes pratiquant la compétition. La valeur utilisée pour objectiver une déficience en fer était une ferritine à moins 20 µg/l, et le seuil pour distinguer la présence ou l’absence d’anémie était un taux d’hémoglobine inférieur ou supérieur à 11 g/dl. Les participants étaient âgés en moyenne de 21,9 ans, et la cohorte comptait un tiers (34,2 %) de femmes.
Les résultants montrent que, globalement, un athlète sur 5 (19,7 %) présente une déficience en fer.
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La déficience en fer affecte les performances
Les personnes avec une déficience en fer sont plus jeunes (18,1 ans en moyenne). Mais surtout, même si cela n’est pas surprenant, la déficience touche nettement plus les athlètes féminins masculins : le rapport est de 2,4 femmes pour 1 homme.
Du côté des performances, la déficience, avec ou sans anémie, a un impact significatif : elle est associée à une VO2 max plus faible (43,3 ml/min/kg, contre 45,6 ml/min/kg sans déficience). Dans le même sens, la proportion d’athlètes qui atteint un pic de VO2 max supérieur à 50 ml/min/kg est presque deux fois plus faible (8,5 %) en cas de déficience martiale qu’en l’absence d’une telle déficience (16,1 %). Bref, la déficience en fer s’avère associée de façon indépendante à un pic de VO2 max réduit et a une probabilité moindre de dépasser un pic de VO2 max de 50 ml/min/kg.
La différence entre femmes et homme s’explique certainement en grande partie par les pertes en fer liées aux menstruations, mais aussi, expliquent les auteurs, par l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens qui pourraient augmenter le risque de saignement.
Les auteurs relèvent aussi que les recommandations alimentaires concernant le fer, chez l’homme comme chez la femme, ne prennent pas en compte les besoins accrus en fer lié à l’exercice/au sport. Et avec la végétalisation de l’alimentation, le fer restera un nutriment à tenir particulièrement à l’œil…
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