Des scientifiques de l’Université de Genève montrent que la déplétion du microbiote exerce un effet anti-obésité en favorisant le développement du tissu adipeux beige.
L’exploration des liens entre microbiote et santé n’a pas fini de révéler des surprises. Alors que jusqu’à présent de nombreux travaux convergent pour souligner l’importance d’un microbiote diversifié pour la santé, y compris dans les mécanismes impliqués dans l’obésité, voilà que d’autres travaux indiquent qu’en l’absence de microbiote, l’animal de laboratoire ne développe pas d’obésité lorsqu’il est exposé à une nourriture riche en énergie, contrairement à l’animal avec un microbiote normal.
Tissus adipeux brûleur de graisse
Les chercheurs ont nourri trois groupes d’animaux avec un régime riche en énergie: des souris axéniques (sans microbiote), des souris normales et des souris ayant été traitées par de hautes doses d’antibiotiques ayant totalement détruit le microbiote.
Résultat: seules les souris normales ont développé une obésité. Mais ce qui est plus étonnant, ce sont les mécanismes métaboliques mis en lumière par cette équipe de l’Université de Genève. Le tissu adipeux blanc, forme de stockage des graisses, se transforme en tissu adipeux beige, qui se met à consommer des graisses pour produire de la chaleur.
Antibiotiques anti-obésité?
La conversion du tissu adipeux blanc en beige est une quête poursuivie de longue date en tant que piste pour brûler des graisses et lutter ainsi contre l’obésité. L’exposition au froid ainsi que l’exercice physique sont connus pour favoriser le tissu adipeux beige, mais des pistes pharmacologiques pourraient également voir le jour.
Les auteurs précisent cependant qu’ils n’envisagent pas d’utiliser massivement les antibiotiques pour lutter contre l’obésité, mais qu’il importe désormais d’étudier dans quelle mesure la réduction sélective de certaines souches – par des antibiotiques particuliers ou des virus bactériophages – pourrait exercer un effet anti-obésité.