Les émulsifiants consommés pendant la lactation nuisent au microbiote intestinal de la descendance, avec des conséquences à long terme, selon ces travaux menés chez la souris.
Plus on l’étudie, plus on se rend compte que le microbiote intestinal est impliqué dans de nombreux domaines de la santé, et qu’il est influencé par pratiquement tout ce que l’on mange… Récemment, plusieurs travaux ont attiré l’attention sur le rôle néfaste que pourraient avoir différents additifs sur le microbiote intestinal et, de ce fait, sur la perméabilité intestinale et les conséquences néfastes pour la santé qui s’en suivent. Certains émulsifiants ont particulièrement été mis sur la sellette. C’est le cas de la carboxyméthylcellulose et du polysorbate-80, qui ont tous deux déjà été associés à une augmentation de la perméabilité intestinale chez l’animal.
Cette nouvelle étude a examiné l’effet, sur les enfants, de la consommation de ces deux émulsifiants par la mère allaitante chez la souris.
À lire aussi : Les oméga-3 contre l’inflammation de bas grade
Maturation du microbiote et système immunitaire
Le microbiote du nouveau-né est initié à la naissance par une transmission verticale du microbiote de la maman. Ce microbiote continue à évoluer lors de la lactation, avec notamment l’influence des systèmes immunitaires de la mère et de l’enfant. L’influence du système immunitaire de la mère – qui s’arrête au moment du sevrage – joue un rôle déterminant dans l’acquisition du microbiote au début de la vie. Le mécanisme avancé implique la circulation d’antigènes dérivés du microbiote de la mère à travers des passages associés aux cellules caliciformes du côlon du nouveau-né. Une perturbation de ce processus peut entraîner des anomalies immunologiques et métaboliques irréversibles. Avec pour conséquence une susceptibilité accrue à diverses maladies (inflammatoires, asthme, cancer, syndrome métabolique…). C’est justement ce qui vient d’être montré chez la souris et sa progéniture, dans cette étude publiée dans la revue Nature Communications.
À lire aussi : Les effets de l’immigration sur le microbiote et l’obésité
Les émulsifiants modifient le microbiote des mères et de la descendance
L’équipe, composée principalement de chercheurs français, avait déjà rapporté des effets néfastes d’émulsifiants alimentaires sur le microbiote intestinal hôte avec des conséquences sur sa santé, qui passent notamment par le développement d’une inflammation intestinale. Ceci a été montré dans des modèles animaux et confirmé par des observations humaines. Mais cette étude va un pas plus loin avec désormais la mise en évidence d’effets transgénérationnels. En effet, elle rapporte que la consommation de ces deux émulsifiants par les souris qui allaitent entraîne non seulement une perturbation du microbiote intestinal des mères, mais aussi du microbiote intestinal de leur descendance. Et ces modifications s’avèrent suffisantes pour entraîner une augmentation de la susceptibilité aux colites et au syndrome métabolique une fois les animaux devenus de jeunes adultes.
Précisons cependant que les quantités des deux émulsifiants utilisées dans cette étude (1 % dans l’eau de boisson) sont nettement plus élevées que les niveaux de consommation chez les humains, ce qui constitue une limite souvent retrouvée dans ce type d’études animales.
À lire aussi : Les émulsifiants à l’origine du syndrome métabolique ?
Source
Delaroque C et al. Nature Communications 2025;1, Article number: 6954. https://doi.org/10.1038/s41467-025-62397-3