L’EFSA a pu préciser la sécurité de bêtacarotène pris sous forme de complément alimentaire. Mais son utilité réelle reste entièrement spéculative.
La prise d’un complément alimentaire peut s’avérer utile pour combler un manque. Elle s’inscrit aussi de plus en plus dans une optique d’optimisation des apports, avec l’espoir de repousser les frontières de bien des maladies. La notion d’apport optimal en nutriments taraude les chercheurs, car elle est bien plus difficile à préciser que l’apport requis pour éviter une carence, équilibrer les pertes ou assurer l’une ou l’autre fonction de l’organisme.
Au fil de la découverte des effets de plus en plus larges que peuvent avoir certains nutriments, les recommandations nutritionnelles peuvent être revues à la hausse ou à la baisse, pour ne pas exposer à une augmentation de risque. Le «ni trop, ni trop peu» n’est donc pas facile à établir.
Entre bénéfique et toxique
Le bêta-carotène et d’autres antioxydants de la famille des caroténoïdes et des composés phénoliques, disposent d’un potentiel santé, mais n’ont pas le statut de nutriments, et ne font donc pas l’objet d’apports nutritionnels recommandés. L’EFSA a néanmoins attribué une allégation de santé aux composants phénoliques de l’huile d’olive pour la protection de l’oxydation du cholestérol LDL, signe de la reconnaissance de certains effets positifs.
Le «ni trop, ni trop peu» n’est pas facile à établir.
Quant au bêta-carotène, il nourrit depuis longtemps bien des espoirs, mais n’a toutefois pas apporté la preuve de son potentiel préventif. Pire, il s’est révélé, à haute dose, provoquer plus de mal que de bien, en particulier chez les fumeurs.
Maigre consolation
Pour clarifier la situation, l’EFSA a été chargée par la Commission européenne de déterminer la quantité maximale de carotène qui peut être ingérée sans risque. Celle-ci a été fixée à 15 mg par jour, par voie de supplément et d’additifs, considérant que les données ne montrent aucune augmentation de l’incidence du cancer du poumon chez les grands fumeurs pour des doses entre 6 et 15 mg, et une augmentation du risque de cancer du poumon à partir de 20 mg/jour pendant 5 à 7 ans.
Une bonne nouvelle? Certainement pour tous ceux qui prennent des suppléments de bêta-carotène et qui peuvent être rassurés par rapport au risque de cancer. Mais on peut tout de même s’interroger sur les bénéfices de la prise de bêta-carotène, si celui-ci se limite à l’assurance de ne pas voir augmenter le risque de cancer…
FIA 18_mars 2013.
Référence: EFSA Journal, 2012; 10(12): 2953, 7 p.