Alors que la plupart des études rapportent une association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le (sur)poids, cette étude d’intervention rapporte que dans le cadre d’une alimentation équilibrée, les AUT ne font pas grossir, au contraire…
Cette étude – qui n’a aucun lien avec l’industrie – ne manquera pas d’apporter de nouveaux éléments au vaste débat, par toujours très rationnel, sur les aliments ultra-transformés (AUT). Jusqu’à présent, de nombreuses études ont rapporté une association positive entre la part des AUT dans l’alimentation et le surpoids, ainsi que de nombreuses pathologies. Toutefois, malgré la convergence de ces données, il s’agit d’associations, et les preuves d’un lien de cause à effet ainsi que les mécanismes sous-jacents font défaut. Pour disposer de telles preuves, il faut passer par des études d’intervention. Certaines d’entre elles ont déjà rapporté une évolution défavorable du poids avec les AUT, comparé à une alimentation pas ou peu transformée. Mais jusqu’à présent, aucune étude d’intervention randomisée contrôlée n’a évalué les effets des AUT dans le cadre d’une alimentation équilibrée, et c’est tout l’intérêt de cette étude britannique publiée dans Nature Medicine.
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AUT ou pas, l’alimentation équilibrée fait perdre du poids !
Dans cette étude, 55 adultes avec un BMI entre 25 et 40 ont suivi pendant 8 semaines une alimentation minimalement transformée (MPF) et pendant 8 autres semaines une alimentation ultra-transformée (UPF), selon un schéma en cross-over, avec 4 semaines de Wash out et 2 semaines de base avant chaque période. Les participants pouvant manger autant qu’ils voulaient, mais la particularité, c’est que l’alimentation fournie répondait dans les deux cas aux recommandations alimentaires nationales, à savoir le UK Eatwell Guide.
Résultats : ceux qui s’attendaient à une prise de poids avec les AUT ont dû être surpris, car les deux périodes sont marquées par une légère perte de poids, avec cependant un effet plus marqué pour la période minimalement transformée (moins 2 % du poids) que pour la période ultra-transformée (moins 1 % du poids.). La période minimalement transformée entraine une réduction plus importante de la masse grasse, de l’envie de grignoter et du taux de triglycérides. Cependant, le cholestérol LDL s’avérait plus bas avec la période ultra-transformée…
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De la théorie à la réalité
Bien entendu, cette étude n’est pas un plaidoyer pour les AUT, au contraire : elle réaffirme une fois de plus que manger pas ou peu transformé présente un avantage, à savoir une perte de poids deux fois supérieure à celle avec les AUT. Et bien entendu, la théorie voudrait que tout le monde mange équilibré avec des denrées pas ou peu transformées. Mais est-ce réaliste ?
Car dans la réalité, moins de 0,1 % de la population suit les recommandations du Eatwell Guide, et 70 % de la population en suit moins de la moitié. Dès lors, on peut se poser la question suivante : quel pourcentage de la population serait prêt à suivre les recommandations en ne mangeant pas ou peu transformé et en perdant 2 % de poids, et quel pourcentage serait prêt à suivre les recommandations avec des AUT, en perdant 1 % du poids ? Qu’est-ce qui aurait le plus d’impact sur la santé publique ?
Les études d’intervention comblent des lacunes des études observationnelles, mais elles ont aussi leurs limites : elles ne reflètent pas l’alimentation en situation réelle. Or, obtenir des changements durables dans la « vraie vie » est bien plus complexe que d’obtenir des changements dans des conditions contrôlées pendant quelques semaines… D’autant que dans l’étude, la saveur et le goût de l’alimentation minimalement transformée ont été jugés moins bons que pour l’alimentation ultra-transformée… Bref, il y a encore matière à débattre…
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Source
Dicken S J et al. Nature Medicine 2025. https://doi.org/10.1038/s41591-025-03842-0