Mystérieux café… La plus large investigation du microbiome humain en rapport avec la consommation de café révèle une « signature » microbienne spécifique, et identifie des métabolites qui y sont associés.
C’est l’une des boissons les plus consommées au monde, après l’eau et le thé. C’est aussi une boisson dont les effets sur la santé sont étudiés depuis longtemps, avec des discours qui ont sensiblement évolué : le café inspirait jadis une certaine méfiance particulièrement à l’égard de la santé cardiovasculaire. Mais au fil des recherches, qui ont gagné en consistance, il est apparu comme un breuvage associé à des bénéfices santé dans différents domaines que ce soit dans la santé cardiovasculaire, le diabète de type 2, la stéatose hépatique non-alcoolique, et même certains cancers.
Chimiquement complexe, ce sont surtout ses polyphénols qui sont pressentis comme pouvant expliquer ses effets bénéfiques : notamment l’acide chlorogénique, l’ester caféique de l’acide quinoléique et un dérivé de la trigonelline, le N-méthylpyridium. Certains de ses polyphénols sont métabolisés par le microbiote intestinal, ce qui fait que ce dernier pourrait être lui aussi impliqué dans les effets du café sur la santé…
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La plus grande étude sur café et microbiome intestinal
Le café se prête particulièrement bien à des études d’épidémiologie nutritionnelle, parce que dans la plupart des cas, soit il est consommé quotidiennement, soit il ne l’est pas, ce qui permet d’avoir des données d’une grande précision. Il est toujours hasardeux de vouloir étudier une denrée isolément, sachant que c’est l’alimentation dans son ensemble qui façonne la composition du microbiote intestinal. Néanmoins, le café est apparu récemment comme le composant qui, parmi 150 autres, présente la corrélation la plus élevée avec la composition du microbiome (1).
L’effet singulier du café est désormais mis en lumière dans cette nouvelle étude (2) comme il ne l’a jamais été… Il s’agit de la plus grande recherche humaine portant sur les liens entre le café et le microbiome, et est publiée dans la revue Nature microbiology. Les auteurs ont analysé plus de 22 000 échantillons métagénomiques chez des participants ayant fourni des réponses détaillées sur leur consommation de café.
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Le café associé à une espèce bactérienne spécifique
Que montre cette étude ? D’abord que la consommation de café est étroitement associée à la présence d’une espèce spécifique dans le microbiome : Lawsonibacter asaccharolyticus. Les chercheurs ont d’ailleurs vérifié, in vitro, que ce micro-organisme se développait mieux en présence de café. Ils ont aussi constaté que le lait, la crème, le sucre et le miel, qui sont utilisés pour agrémenter le café, sont des facteurs très nettement moins prédictifs que le café. Mais ce n’est pas tout… En analysant le métabolome plasmatique (donc des métabolites susceptibles de servir de biomarqueurs), les chercheurs ont trouvé plusieurs molécules dont la concentration était dépendante de Lasaccharolyticus : toutes n’ont pas pu être caractérisées, mais parmi celles qui ont pu l’être, il y a l’acide quinique, la trigonelline et la caféine.
Il s’agit d’une avancée dans la compréhension biochimique de la réponse microbienne à la consommation de café et de ses effets sur la santé, qui sont encore loin d’être élucidés…
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