Le vinaigre, particulièrement de cidre, est souvent présenté comme un remède pour régulariser la glycémie. Pour certains, c’est « prouvé », pour d’autres, c’est du « n’importe quoi ». Et si la réponse était entre les deux ? On fait le point.
Les remèdes de grand-mère traversent le temps… Certains reviennent même en force, pour retrouver une certaine « naturalité » perdue, ce qui s’exprime largement sur les réseaux sociaux. C’est le cas du vinaigre de cidre, condiment utilisé de longue date pour agrémenter les mets, mais qui est aussi présenté comme un remède pour soigner bien des maux, notamment dans le domaine de l’obésité pour perdre rapidement du poids. Mais c’est surtout dans la gestion de glycémie que le vinaigre, et plus particulièrement le vinaigre de cidre, fait parler de lui : il serait très utile en cas de diabète de type deux pour limiter le pic glycémique postprandial, et aurait même des effets sur la glycémie à jeun…
Quel crédit peut-on accorder à cette assertion ? Y a-t-il de la science sérieuse sous-jacente ou, au contraire, faut-il tout rejeter en bloc ?
Pour nous aider à y voir plus clair, nous nous penchons sur une nouvelle revue systémique et méta-analyse d’études contrôlées fraîchement publiée dans la revue Frontiers in Nutrition, qui fait le bilan sur la science relative aux effets du vinaigre de cidre chez les patients avec diabète de type 2.
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Les mécanismes avancés pour le vinaigre de cidre
Une des propriétés de l’acide acétique du vinaigre est d’inhiber l’action des enzymes digestives telles que la sucrase et les alpha-amylases. Cela peut donc effectivement réduire la digestion des glucides, donc l’assimilation du glucose et la glycémie. Certaines études évoquent aussi un effet sur la vidange gastrique, la réduction de la production hépatique de glucose, l’augmentation de la sécrétion insulinique…
Outre l’acide acétique, le vinaigre de cidre renferme aussi des flavonoïdes tels que des catéchines, des acides férulique, caféique et gallique. Ces flavonoïdes aux propriétés antioxydantes ont montré, çà et là, des effets sur le métabolisme du glucose et l’inflammation. Cependant, les études et même les méta-analyses effectuées jusqu’à présent sur ce sujet ont donné des résultats inconsistants. D’où l’intérêt de cette revue, qui a utilisé une méthodologie solide, à savoir une évaluation du risque de biais des études selon le principe Cochrane, et l’établissement de la certitude des preuves sur base du système GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation).
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Un effet sur la glycémie à jeun, mais pas sur la résistance à l’insuline
Verdict : les résultats montrent que, sur base des 7 études incluses dans la méta-analyse, le vinaigre de cidre a un effet significatif sur la réduction de la glycémie à jeun (- 21,9 mg/dl) et l’hémoglobine glyquée (- 1,53 %), ainsi qu’une augmentation de l’insuline (2 µu/ml). Aucun effet significatif n’apparait sur le modèle HOMA-IR pour évaluer la résistance à l’insuline.
Les auteurs calculent que pour chaque augmentation de 1 ml de vinaigre de cidre (1 cuiller à soupe correspond environ à 12 ml), la glycémie à jeun diminue de 1,15 mg/dl. Et que l’effet sur la glycémie à jeune est proportionnellement plus important au-dessus de 10 ml de vinaigre de cidre par jour.
Bref, le vinaigre de cidre pourrait bel et bien apporter une petite, mais néanmoins significative, contribution à la gestion de la glycémie chez les patients avec un diabète de type 2, aux côtés (et non à la place) des mesures hygiénodiététiques habituelles. Surtout s’il est utilisé par exemple sous forme de vinaigrette pour assaisonner des crudités, plutôt que d’être pris à la cuiller à soupe ou dans de l’eau au saut du lit…
Les auteurs précisent toutefois que d’autres recherches sont nécessaires pour mieux préciser les effets exacts du vinaigre de cidre sur l’insuline, la résistance à l’insuline, afin de mieux définir la dose qui serait la plus efficace pour son effet sur la glycémie.
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