Le débat sur l’interdiction des noms de pièces de boucherie pour les substituts végétaux est relancé : une coalition d’États membres de l’UE demande à la Commission européenne d’interdire l’utilisation de noms associés à la viande pour désigner des substituts végétaux.
C’est un bras de fer qui date de plusieurs années : peut-on appeler un substitut végétal « steak », « saucisse », « jambon » ou autre nom qui est traditionnellement associé à la viande ? Le débat fait rage, et il a déjà connu des rebondissements. Mais jusqu’à présent, toutes les tentatives, d’interdire des termes associés à des produits animaux pour des produits végétaux s’est soldée par un échec. Ainsi, en 2020, le Parlement européen avait tranché : il a rejeté la demande du secteur de la viande d’interdire les noms de viande pour des produits végétaux, sous prétexte que cela portait à confusion pour le consommateur. Récemment, la France avait accouché d’un décret interdisant l’utilisation de dénomination « carnées » pour les produits végétaux (valable uniquement sur le territoire français, et inapplicable pour les produits fabriqués en dehors de France, donc peu pertinent), mais cela a été invalidé par la Cour de Justice de l’UE…
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Une proposition d’interdire 29 noms de viande
Mais c’est bien vers un règlement limitant les termes carnés que s’oriente cette nouvelle action : la République tchèque, l’Autriche, la Hongrie, l’Italie et la Slovaquie ont pris l’initiative, désormais soutenue par la France, Malte, l’Espagne, la Roumanie et le Luxembourg, de demander à nouveau à la Commission européenne d’interdire l’utilisation de noms traditionnellement associés à la viande pour désigner des substituts végétaux.
Suite à cela, la Commission européenne propose que le terme « viande » désigne exclusivement les parties comestibles d’un animal, et d’interdire 29 mots pour les substituts des produits animaux, parmi lesquels : « Bœuf », « veau », « porc », « poulet », « dinde », « bacon », « canard », « chèvre », « agneau », « mouton », « longe », « poitrine », « côte », « jarret », « rumsteack », « ribs », « ribeye », « T-bone »…
Néanmoins, cette interdiction ne concernerait pas les termes tels que « burger », « saucisse » ou « steak ».
Cette proposition du 16 juillet 2025 doit être examinée par le Parlement européen.
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Le consommateur est-il trompé ?
L’argument majeur avancé pour justifier ce type d’interdiction est que les consommateurs seraient trompés, ce qui cherche justement à éviter le cadre réglementaire européen. Plusieurs études ont déjà été menées pour savoir si c’était bien le cas, mais les résultats sont loin d’être homogènes : certaines rapportent que cela ne n’engendre que très peu de confusion chez la plupart des consommateurs. D’autres rapportent par exemple que lorsque l’on demande aux personnes de classer un produit dans la catégorie « produit végétal » ou « produit animal », il y a significativement plus d’erreurs de classement lorsque des termes de viande sont utilisés sur des produits végétaux…
À noter que la situation est complètement différente pour les produits laitiers, qui sont protégés depuis 1987 par la législation européenne : hormis l’une ou l’autre exception (comme lait d’amande ou lait de coco) il est interdit dans l’UE d’étiqueter un produit végétal avec des noms tels que « lait », « fromage » ou « yaourt ». Une interdiction qui, elle aussi, est régulièrement remise en question. Car pourquoi ne pourrait-on pas dire « lait » ni « fromage » végétal, mais bien « steak » ou « burger » végétal ? Le débat est loin d’être clos, et ne manquera pas d’être ravivé par le sujet de la « viande » cellulaire…
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