Dans le cadre de la transition alimentaire, la végétalisation des assiettes entraîne un risque d’exposition accru aux pesticides. Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme pour faire évoluer les pratiques vers une gestion intégrée des pesticides à l’échelle mondiale.
VE-GE-TA-LI-SER. Ce mot figure désormais dans toutes les recommandations alimentaires, qui s’accordent à y reconnaitre un bénéfice pour la santé humaine ainsi que celle de la planète. Outre l’intérêt de la réduction des protéines animales (essentiellement de la viande et des viandes transformées), l’augmentation des végétaux est intéressante pour certaines vitamines, certains minéraux, antioxydants, fibres alimentaires, tout en favorisant la réduction des matières grasses (surtout des acides gras saturés) et des calories. C’est aussi tout bénéfice pour la planète dans la mesure où cela réduit sensiblement l’empreinte environnementale de l’alimentation. Oui, mais… Augmenter la part des végétaux dans l’assiette, c’est aussi s’exposer au risque d’augmenter les résidus de produits phytosanitaires que les végétaux contiennent, ce qui n’est bien évidemment pas le but !
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Les pesticides contaminent l’environnement et la nourriture
L’utilisation inadéquate de pesticides peut entrainer une contamination des sols, de l’eau potable, de l’air, de la végétation et de la vie sauvage. Or, il est crucial d’étudier la toxicité de la contamination alimentaire pour garantir la sécurité sanitaire, évaluer les possibles dangers et développer des règles de sécurité adéquates.
Une équipe de scientifiques de Roumaine a cherché à faire le point sur les bénéfices santé et les risques liés aux pesticides des régimes alimentaires plus riches en végétaux. Ils ont mené cette revue de la littérature à partir de 4 bases de données (PubMed, Google Scholar, NIH et Science Direct) et des mots clés suivants : pesticides, alimentation, régime végétarien, toxicité, durable, élimination. Ils ont inclus des articles portant sur les résidus de pesticides dans différents aliments, en particulier dans des produits à base de végétaux.
Leur travail analyse de manière rigoureuse les effets délétères des pesticides sur l’environnement et propose diverses solutions pour les réduire ou les éliminer, tout en proposant des alternatives.
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Laver, peler, transformer…
Les pratiques agricoles sont bien entendu au cœur de l’utilisation, et donc de l’exposition ultérieure aux pesticides. Cette étude souligne cependant que la réduction des pesticides dans les fruits et légumes consommés passe par des procédés appliqués à la maison (lavage, épluchage, blanchiment…) plutôt que dans l’industrie. Ils relèvent notamment que l’utilisation de certains agents peut, par rapport à l’eau seule, favoriser la réduction de différents pesticides (buprofézine, thiophanate méthyle, imazalil et abamectine) dans les oranges. Il s’agit, par ordre décroissant d’efficacité, de l’utilisation de : carbonate de sodium (Na2CO3) > sel > acide acétique > vinaigre de cidre > solution de vinaigre de raisin. À l’inverse, le lavage avec des agents détergents peut entraîner une contamination secondaire, et il vaut donc mieux laver les végétaux avec un produit non toxique.
L’étude conclut que la transition vers une agriculture et une production alimentaire durables est essentielle pour réduire les résidus de pesticides dans les aliments, protégeant ainsi la santé humaine, les populations sauvages et l’environnement. Les auteurs plaident en faveur de la nécessité urgente de transformer les systèmes alimentaires mondiaux afin de donner la priorité à la santé et à la durabilité. Cela passe notamment par l’implémentation de mesures en faveur de l’agroécologie, comme la gestion intégrée des pesticides ou Integrated Pest Management (IPM), dont les 4 piliers sont : l’efficacité biologique, la sécurité pour l’utilisateur, la compatibilité environnementale et la rentabilité économique.
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Source
Botnaru AA et al. Nutrients 2025;17(4) :727. https://doi.org/10.3390/nu17040727