Les micro et nanoplastiques sont partout, et surtout dans notre alimentation. Entre l’alimentation occidentale, méditerranéenne ou lacto-ovo-végétarienne, laquelle est la plus chargée en particules de plastique ? Surprise…
Verre, papier, métal, coton, bois… autant de matériaux progressivement remplacés par du plastique. Ses nombreux avantages (faible coût de production et de transport, durabilité, propriétés barrières, couleurs multiples…) en ont fait un matériau de base omniprésent dans notre vie. A tel point qu’il fait carrément partie de notre environnement. En moins d’un siècle, l’humanité a produit plus de 8 milliards de tonnes de plastique, soit actuellement une tonne par être humain ! Aujourd’hui, plus de 60 % de ce plastique finit comme déchet, et est disséminé en grande partie dans la mer, dans la terre, dans l’air, dans les organismes vivants, dont les humains. Cette dissémination s’effectue sous forme de micro et nanoplastiques (MNP), dont la taille est respectivement inférieure à 5 mm et à 1 µm. Les effets néfastes sont encore largement méconnus, mais progressivement mis en lumière. Ce qui amène à s’intéresser de plus près aux voies d’exposition et à leur quantification. Selon les études, notre consommation moyenne hebdomadaire de MNP se situerait entre 39 000 et 52 000 particules, avec une masse allant de 0,1 à 5 g (le poids d’une carte bancaire) par semaine…
À lire aussi : Obésité et diabète : la pollution chimique en cause ?
Particules de plastique dans 3 types d’alimentation
Des chercheurs polonais ont mené une revue sur le sujet, qui est publiée dans Molecules. Ils expliquent que les MNP ont été détectés dans les fruits, les légumes, l’eau potable, les fruits de mer, la viande, les produits laitiers et les céréales, et que des taux particulièrement élevés sont retrouvés dans les aliments transformés. L’exposition varie cependant de manière significative en fonction des aliments, mais aussi de la méthode de préparation des aliments, des matériaux d’emballages utilisés, et de la situation géographique. C’est l’ingestion qui constitue la principale voie d’exposition aux MNP, devant la voie respiratoire et la voie cutanée.
Dans leur revue, et c’est une première, les chercheurs ont procédé à une estimation de l’exposition aux microplastiques selon trois types d’alimentation typiques en Europe :
- L’alimentation saine, basée sur les principes de l’alimentation méditerranéenne : elle correspond aux recommandations alimentaires ou Food Based Dietary Guidelines « classiques ».
- L’alimentation occidentale : riche en produits ultra-transformés, dont fast-food, takeaways et plats préparés, en acides gras saturés (d’origine animale surtout), en viandes et viandes transformées.
- L’alimentation lacto-ovo-végétarienne : elle exclut la viande, le poisson et les fromages à base de présure. Les protéines viennent surtout des légumineuses, fruits à coque, lait, yaourt, certains fromages et les œufs.
À lire aussi : Les allergies alimentaires favorisées par les pesticides
Un autre visage du lacto-ovo-végétarisme
Les résultats ne sont pas ceux que l’on pourrait attendre, à savoir que l’alimentation occidentale, la moins équilibrée des 3 et avec le plus de produits pré-emballés, serait aussi la plus riche en MNP… Pas du tout ! Les chercheurs arrivent à la conclusion que c’est l’alimentation lacto-ovo-végétarienne qui comptabilise le plus de MNP, avec 69,1 millions de particules par jour. C’est pratiquement le double des deux autres types d’alimentation. Selon les auteurs, cette différence s’explique principalement par la proportion élevée de fruits, légumes et fruits à coque.
Si l’on se base uniquement sur la charge de MNP, c’est l’alimentation occidentale qui serait la plus bénéfique, avec « seulement » 36,4 millions de particules par jour. Mais si l’on prend en compte à la fois les aspects « santé » et la teneur en MNP, c’est l’alimentation méditerranéenne (37,5 millions de particules de MNP par jour) qui s’avère être la plus intéressante et sûre selon les auteurs.
Outre le type d’alimentation, les auteurs recommandent d’éviter les aliments emballés (dans du plastique) et de revenir à des ustensiles de cuisine en verre, en bois ou en métal afin de réduire la quantité de MNP consommée.
À lire aussi : L’arsenic dans le riz peut menacer la santé
Source
Duba A, Petka K. Molecules 2025,30(18),3666. https://doi.org/10.3390/molecules30183666