Le modèle de l’alimentation saine planétaire EAT-Lancet est actualisé depuis sa version initiale de 2019. Les changements ne concernent pratiquement pas le contenu de l’assiette proposée, mais bien l’apparition d’un pilier de justice sociale.
C’est avec l’objectif de nourrir sainement toute la population de la planète en 2050, qui devrait frôler les 10 milliards d’individus, tout en restant dans les capacités de la planète à fournir cette alimentation, que la première commission EAT-Lancet avait publié son rapport en 2019. La commission composée initialement de 37 experts a été étendue à 70 experts issus de 6 continents. Le modèle pour une alimentation durable a ainsi été revu sur base de données scientifiques plus récentes. Par rapport à la version précédente, celle-ci met davantage l’accent sur la manière d’atteindre une telle alimentation de manière équitable, en tenant compte des droits à l’alimentation, du droit au travail décent et du droit à un environnement sain. La justice sociale, pratiquement absente du EAT-Lancet 2019, devient ainsi un pilier important de l’alimentation durable.
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EAT-Lancet 2025 : le sel fait son apparition
Qu’est-ce qui change dans l’assiette dite planétaire de 2019 en 2025 ? Heureusement pas grand-chose. Les grammages proposés sont pratiquement les mêmes qu’en 2019. Ainsi, il s’agit toujours d’une assiette fortement végétale, avec, par importance pondérale décroissante, beaucoup de légumes, de céréales complètes, de fruits et de fruits à coque. La viande rouge reste limitée à 15 g par jour (14 g / j en 2019). Mais la grande différence, qui est pourtant passée largement inaperçue, est que l’assiette planétaire intègre désormais aussi une recommandation concernant le sodium, à savoir moins de 2 g par jour. Cela correspond aux recommandations nationales et de l’Organisation Mondiale de la Santé, invitant à limiter le sel à 5 g par jour. Un point qui n’est pas négligeable, sachant que dans la transition alimentaire, qui consiste à végétaliser l’alimentation, certains produits « plant-based » misent fortement sur le sel pour séduire les papilles…
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Les critiques à l’égard du EAT-Lancet
Si le modèle EAT-Lancet est relativement bien accueilli par le monde académique de la nutrition, il ne plaît bien évidemment pas à tous. À commencer par l’industrie de la viande, qui se voit pénalisée.
D’un point de vue scientifique, les critiques comprennent principalement trois points :
- son caractère trop théorique et difficile, pour la plupart, à mettre en pratique
- la préoccupation concernant la précarité alimentaire et l’augmentation des prix pour les pays à faibles revenus
- la couverture adéquate de certains micronutriments compte tenu de la forte réduction des produits animaux
Il n’en reste pas moins que ce modèle garde une certaine flexibilité (fourchettes des grammages recommandés) et qu’il constitue ne fut-ce qu’une boussole pour indiquer la bonne direction vers une alimentation durable.
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Source
The Lancet Commissions, Volume 406, Issue 10512, pp. 1625–1700, October 11, 2025