Le poisson et les acides gras oméga-3 consommés pendant la grossesse ont été avancés comme des possibles modulateurs du risque d’autisme chez le nouveau-né. Cette piste semble se confirmer pour le poisson, mais pas pour les suppléments…
Les acides gras oméga-3 hautement polyinsaturés tels que l’EPA et le DHA sont connus pour jouer un rôle essentiel dans le développement du cerveau. Et tout porte à croire qu’ils exercent des effets bénéfiques pour le cerveau tout au long de la vie, en particulier lors du vieillissement. Rappelons que le DHA constitue l’acide gras le plus abondant dans le cerveau. La consommation de poisson, principale source de ces oméga-3 à longue chaîne, comme la prise de suppléments d’oméga-3 au cours de la grossesse ont déjà été associées à un risque plus faible de troubles du spectre autistiques chez l’enfant, mais avec des résultats inconsistants. D’où l’intérêt de cette étude qui examine les associations entre la consommation prénatale de poisson et l’utilisation de suppléments ω-3, d’une part, et le diagnostic d’autisme et les traits plus généraux liés à l’autisme, d’autre part.
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Le poisson associé à un risque moindre d’autisme
L’étude concerne la population d’un large consortium collaboratif aux États-Unis consacré à l’influence des facteurs environnementaux sur la santé des enfants : the Environmental influences on Child Health Outcomes (ECHO). Elle se compose de 69 cohortes individuelles, et cette étude concerne les données disponibles auprès de 32 de ces cohortes, comptabilisant plus de 16 000 personnes. La plupart des informations de consommation ont été recueillies au milieu de la grossesse.
Les résultats, publiés dans le American Journal of Clinical Nutrition, indiquent que pour les femmes consommant du poisson, le risque d’avoir un enfant atteint de troubles du spectre de l’autisme est significativement plus faible (de 8 à 23 %) après ajustement pour les facteurs confondants, par rapport aux femmes qui ne mangent jamais de poisson. Cet effet se manifeste déjà pour une consommation hebdomadaire de poisson.
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Pas d’effet pour les oméga-3 en suppléments
Cette observation va dans le sens de ce que les auteurs avaient comme hypothèse de départ. En revanche, contrairement à ce qui était présupposé, aucune association n’apparait entre la consommation de suppléments d’oméga-3 pendant la grossesse et le risque d’autisme chez l’enfant.
Cette différence entre le poisson et les suppléments d’oméga-3 amène a rechercher ailleurs que dans les seuls oméga-3 pour explication. Le poisson est bien entendu une source d’autres nutriments, avec peut-être des interactions ou un « effet matrice » qui le différencie des oméga-3 seuls. Quoi qu’il en soit, les auteurs concluent que compte tenu de la consommation insuffisante de poisson aux États-Unis (valable chez nous aussi), il est impérieux d’encourager la consommation de poisson, conformément aux recommandations en vigueur, tout en favorisant les espèces avec le moins de contaminants.
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