La fermentation des fibres dans l’intestin profiterait au cerveau vieillissant, par l’intermédiaire du butyrate. Ces travaux menés chez la souris viennent renforcer les liens entre l’intestin et le cerveau.
Après la découverte de l’axe intestin-cerveau, qui entretient une communication bidirectionnelle entre ces deux organes, voici encore une autre voie par laquelle les activités intestinales peuvent avoir des répercussions sur le cerveau. Cette voie passe par le butyrate issu de la fermentation de fibres alimentaires, qui pourraient ainsi s’avérer bénéfiques pour le cerveau vieillissant. C‘est ce qui ressort de ces travaux menés sur la souris par une équipe de la University of Illinois.
Les fibres réduisent l’inflammation des animaux âgés
Les fibres alimentaires sont connues pour être partiellement fermentées par les bactéries coliques. Et le butyrate, entre autres acides carboxyliques à chaîne courte (ACCC), constitue un des sous-produits de cette fermentation. Ce butyrate peut être absorbé dans le côlon pour rejoindre la circulation sanguine et exercer ainsi des effets systémiques, loin de son lieu de production.
Administré pharmacologiquement sous forme de butyrate de sodium à des souris, il s’est avéré avoir des propriétés anti-inflammatoires sur les cellules microgliales, des cellules immunitaires du cerveau. Or, l’inflammation chronique de ces cellules est considérée comme un mécanisme important dans la diminution des fonctions cognitives qui survient en vieillissant.
Les chercheurs ont voulu vérifier si un tel effet protecteur du butyrate se retrouvait par l’intermédiaire de la consommation en fibres alimentaires. Ils ont donc comparé les effets de deux régimes (pauvre ou riche en fibres) chez des souris jeunes et des souris âgées. Ils ont mesuré la quantité de butyrate et autres ACCC qui apparaissaient dans le sang, ainsi que des marqueurs de l’inflammation dans l’intestin.
Profil inflammatoire du cerveau abaissé avec les fibres
Sans surprise, le régime riche en fibres augmente les ACCC dans le sang de tous les animaux. Par contre, seuls les animaux âgés présentaient, avec le régime pauvre en fibres, une augmentation de l’inflammation intestinale. Voilà qui souligne la vulnérabilité liée à l’âge… Par contre, les souris âgées recevant le régime riche en fibres affichaient un niveau d’inflammation nettement réduit dans l’intestin.
Les chercheurs se sont ensuite penchés sur l’inflammation dans le cerveau, pour constater que le régime riche en fibres réduisait le profil inflammatoire du cerveau des animaux âgés.
La prochaine étape sera de vérifier si ces observations sont couplées à un ralentissement du déclin cognitif survenant avec l’âge, et, bien entendu, si tout cela se retrouve chez l’humain.
Décidément, les fibres sont bien plus qu’une affaire de transit!