La végétalisation de l’alimentation est largement prônée pour la santé humaine et elle de la planète. Mais quel est le rapport risques/bénéfices de cette végétalisation ? Cette étude fait le point.
Nul besoin de revenir sur les nombreuses raisons qui amènent à se tourner vers une alimentation plus végétale, que ce soit en termes de réduction du risque de plusieurs maladies chroniques, mais aussi pour son plus faible impact environnemental. Mais cette végétalisation peut prendre différentes formes qui ne sont pas forcément dénuées de risques nutritionnels. Et les produits animaux apportent une contribution significative aux apports en plusieurs nutriments essentiels, tels que le fer, le zinc ou la vitamine B12. Derrière le terme simple de « végétalisation » se cache donc une équation complexe en matière de couverture nutritionnelle, et donc aussi d’impact sur la santé. C’est justement pour peser le « pour » et le « contre » que cette étude procède à une évaluation des risques et des bénéfices liés à la végétalisation de l’alimentation. La particularité est que les auteurs n’ont pas voulu se baser sur des groupes qui mangent végétarien ou végétalien, mais sur la frange de la population française qui mange le plus végétal.
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Quelles inadéquations nutritionnelles avec la végétalisation ?
Pour ce faire, les chercheurs se sont basés sur les dernières données de consommation françaises INCA3, qui ont permis d’identifier un sous-groupe d’adultes avec une alimentation riche en végétaux, avec des apports en protéines et énergie issus des végétaux supérieurs au 80e percentile. Ce groupe représente environ 10 % de la population totale. Ils ont ensuite évalué la prévalence des inadéquations en plusieurs nutriments, les risques d’excès et de déficiences. Ils ont également évalué la charge hypothétique de morbidité, en années de vies corrigées de l’incapacité (DALYs) si toute la population adoptait une telle alimentation riche en végétaux.
Les résultats indiquent que par rapport à ceux qui ont une alimentation pauvre en végétaux, ceux avec une alimentation riche en végétaux :
- risquent moins de manquer de fibres, d’acide linoléique, de potassium, de vitamine C ;
- risquent plus de manquer de sélénium, protéines, calcium, riboflavine, vitamines A, B6, B12, fer et iode ;
- risquent moins de dépasser la limite supérieure pour les acides gras saturés ;
- risquent plus de dépasser la limite pour les sucres.
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La végétalisation présente plus de bénéfices que de risque
Les auteurs calculent que le basculement vers une alimentation riche en végétaux entrainerait un gain de 132 700 années de vie sans incapacité, essentiellement en rapport avec le risque abaissé de maladies cardiaques ischémiques, de diabète et de cancer colorectal. A noter que le gain de cette transition est pratiquement deux fois plus élevé pour les hommes que pour les femmes. Les auteurs ajoutent aussi que si les personnes avec une alimentation riche en végétaux ont un risque plus élevé d’inadéquation en certains nutriments, ils ne sont pas pour autant plus à risque de déficience.
Les bénéfices pour la santé de la végétalisation de l’alimentation découleraient :
- Chez les femmes et les hommes : de la diminution de la consommation de viandes transformées.
- Chez les femmes : de l’augmentation de la consommation de fruits à coque et de la réduction du cholestérol sanguin.
- Chez les hommes : de l’augmentation de la consommation de fruits et de l’apport en fibres.
Les auteurs précisent tout de même que les alimentations riches en végétaux sont loin d’être optimales et que de meilleures versions pourraient être identifiées et promues. Et de rappeler l’importance des lignes directrices : plus de céréales complètes, de fruits à coque, de légumineuses, moins de viande rouge, de viandes transformées et de boissons sucrées.
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Source
Mombert P et al. Eur J Nutr 2025 ;64 :200. https://doi.org/10.1007/s00394-025-03714-w