Nutriment essentiel, le phosphore n’en est pas moins nuisible en grande quantité, surtout dans le cadre de l’insuffisance rénale chronique. Cette vaste recherche menée aux États-Unis rapporte que les additifs contenant du phosphore sont présents dans plus de la moitié des denrées alimentaires.
Les additifs sont évalués par les agences de sécurité alimentaire, procédé qui doit garantir que leur consommation ne porte pas atteinte à la santé. Mais cela n’empêche pas, suite à l’évolution de la recherche, qu’apparaissent des doutes sur l’innocuité de certains d’entre eux. C’est par exemple le cas pour certains émulsifiants, qui pourrait affecter la santé intestinale. Les additifs sont aussi un marqueur qui caractérise les aliments ultra-transformés, eux aussi dans le collimateur de l’épidémiologie nutritionnelle. Par ailleurs, les additifs représentent une source potentiellement importante de phosphore. Si ce n’est habituellement pas considéré comme une préoccupation importante pour la population en général (bien qu’un apport élevé en phosphore apparaisse comme un facteur de risque indépendant de mortalité), c’est très différent dans le cadre de l’insuffisance rénale chronique (IRC), où le phosphore doit impérativement être limité pour freiner la progression de la maladie.
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Le phosphore des additifs est particulièrement absorbé
La présence de phosphore dans les additifs pose un double problème. D’abord parce que ce phosphore n’a pas d’utilité nutritionnelle, contrairement au phosphore inhérent aux aliments qui font partie d’une alimentation équilibrée. Mais surtout, parce que l’absorption intestinale du phosphore des additifs est particulièrement élevée : elle dépasse 90 %, alors que le phosphore des végétaux et animaux est absorbé à raison de 20 à 60 %.
Cette nouvelle étude, parue dans le American Journal of Clinical Nutrition, s’est intéressée à la présence des additifs contenant du phosphore dans l’alimentation aux États-Unis. Cette catégorie d’additifs possède une gamme variée de fonctions techniques (émulsifiant, antioxydant, agent de texture… Au total, ce sont près de 40 000 produits alimentaires venant des 45 producteurs les plus importants qui ont été passés au crible.
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Du phosphore d’additifs dans 56 % des produits
Les résultats de cette étude dressent un portrait pour le moins préoccupant sur l’ampleur de la présence d’additifs contenant du phosphore : pas moins de 56 % des 39 937 produits examinés en contiennent !
Les additifs contenant du phosphore les plus souvent retrouvés sont :
- La lécithine (32 %)
- Le phosphate de sodium (13 %)
- Le phosphate de calcium (11 %)
- Les amidons modifiés (10 %)
- Le pyrophosphate acide de sodium (6 %)
Certains produits contiennent jusqu’à 8 additifs phosphorés, alors que 21 % des produits en contiennent plus d’un.
Voilà qui met en lumière une problématique peu visible. Les auteurs plaident en faveur de recherches sur les effets de cette omniprésence des additifs phosphorés sur la santé des personnes atteintes d’IRC ainsi que sur la population générale. Ils demandent aussi à la Food and Drug Administration de rendre obligatoire la mention de la teneur en phosphore sur les étiquettes des produits.
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Source
Dunford E K. Am j Clin Nutr. Available online 6 March 2025. https://doi.org/10.1016/j.ajcnut.2025.01.009