L’effet cardio-protecteur d’une faible consommation d’alcool semblerait n’être qu’illusoire. En effet, de nombreux biais ont été retrouvés dans la littérature, notamment le fait que les abstinents ne l’ont pas toujours été.
Depuis des décennies, les bienfaits d’une consommation modérée d’alcool (2 verres maximum par jour) sur la santé cardiovasculaire sont véhiculés au gré des publications. Cela a conduit à parler parfois de French paradox pour expliquer les moindres cardiopathies chez ces consommateurs raisonnables.
La méta-analyse – portant sur 45 études de cohorte – publiée dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs vient remettre en cause ces bienfaits supposés.
L’abstinence, une définition toute relative
L’une des principales limites retrouvée dans cette compilation porte sur la définition du terme «abstinent». Dans la majorité des études, les abstèmes sont en fait des anciens buveurs qui ont cessé de boire, bien souvent pour des raisons de santé.
Inversement, les personnes âgées qui ont continué à conserver leur «petit verre de vin» sont celles qui ne présentaient pas ces soucis-là. D’où les résultats associant buveurs et bonne santé cardiovasculaire.
Alcool: le mythe de l’effet protecteur sur le cœur
Cette méta-analyse met en avant une mortalité coronarienne plus faible chez les consommateurs modérés d’alcool, lorsque les études incluent des participants âgés de plus de 55 ans. Par contre, l’inverse n’est pas vrai.
Cette apparente protection ne serait donc due qu’à un biais de sélection. Si les abstinents paraissent plus à risque de maladies cardiovasculaires, ce n’est pas parce qu’ils ne consomment pas d’alcool, mais parce que leur précaire santé les incite à ne plus boire.
Le scepticisme doit donc être de mise, quant à l’effet protecteur de l’alcool sur la santé coronarienne. Cependant, cette polémique n’est certainement pas close avec ces derniers résultats. Trop d’intérêts sont en jeux. Les fabricants d’alcool vont certainement trouver d’autres moyens afin de ne pas voir leurs marges s’éroder. Les études actuelles sur le resvératrol et les polyphénols pourraient y contribuer.