Comment assurer la qualité nutritionnelle de l’alimentation tout en respectant l’environnement? Ce thème a été abordé par Louis-Georges Soler (Directeur de recherche, INRA) lors du colloque «Alimentation et santé publique: les enjeux d’aujourd’hui et de demain» qui s’est tenu à l’ULB.
Les produits alimentaires représentent un lourd fardeau pour l’environnement: ils contribuent à raison de 23% à l’émission totale de gaz à effet de serre (GES), juste derrière le transport (25%) et le logement (28%). La production en amont représente 45% de l’émission des GES alimentaires. La présentation de l’impact environnemental des différentes catégories de produits est très différente selon qu’elle est faite sur base du poids des denrées ou de leur apport énergétique. Pour 100 g, la viande rouge est la plus impactante, suivie des viandes blanches et d’un groupe «autres», très hétérogènes. Mais pour 100 kcal, la viande est moins impactante, alors que les fruits et légumes le deviennent plus.
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«Manger bio, local et durable: les chiffres»
Quand la qualité nutritionnelle nuit à l’environnement
La consommation alimentaire moyenne des individus génère 4 090 g d’équivalent CO2 par personne et par jour, mais elle varie du simple au double d’un extrême à l’autre. Il existe une relation claire entre les apports énergétiques et l’impact CO2. La densité énergétique s’avère négativement associée à l’émission de GES, alors que le score du pourcentage d’adéquation aux apports recommandés pour 20 nutriments (le MAR) est positivement associé à l’émission de GES.
Même lecture pour le score qui exprime le % d’excès en nutriments négatifs tels que sodium, acides gras saturés et sucres libres (MER), qui est inversement corrélé à l’émission de GES… Il y a donc une forme de conflit d’intérêts entre qualité nutritionnelle de l’alimentation et émission de GES. Ainsi, on peut avoir un impact environnemental assez faible en mangeant des chips et des sodas sucrés!
Ce n’est pas tant le bio que le mangeur bio qui importe!
L’objectif consiste donc à identifier les pratiques qui sont à la fois correctes sur le plan nutritionnel, tout en limitant leur impact environnemental. Un élément important consiste à associer la réduction de la prise énergétique et une faible densité énergétique, notamment en poussant plus loin la substitution végétale/animale.
Les quantités sont aussi très importantes. Quant au recours aux aliments biologiques, ce n’est pas tant la production de ces denrées qui a un moindre impact environnement, mais surtout le fait que les personnes qui sont les plus engagées dans le bio adoptent une alimentation qui émet moins de GES parce qu’elles mangent moins de viande, plus de végétaux, moins de plats préparés et consomment moins d’alcool…