Limiter sa consommation d’histamine et celle d’aliments histamino-libétateurs semble devenir LE nouveau régime tendance dans la quête d’un confort intestinal. Mais gare à l’autoprescription et à la mise en place de restrictions intempestives.
La santé intestinale est un des grands thèmes émergents, reflet du nombre croissant de situations où le tube digestif est perturbé, ce qui affecte la qualité de vie. Mais aussi, par la multitude de régimes, conseils hygiénodiététiques en circulation, et aisément accessibles à tout un chacun : sans lactose, sans gluten, pauvre en FODMAPs… et de plus en plus « pauvre en histamine ».
Les intolérances alimentaires, dont celle à l’histamine, sont en augmentation ; elles toucheraient désormais près d’une personne sur cinq dans le monde. Parmi les différentes théories avancées pour expliquer cette évolution, c’est probablement la théorie hygiéniste qui est la plus pertinente. En évoluant dans un environnement devenu microbiologique trop propre et pauvre, notre système immunitaire surréagit plus facilement à diverses protéines alimentaires. Les modifications hormonales survenant à la ménopause, les cycles menstruels et, plus récemment, le COVID long, ont aussi été avancés comme des causes favorisant l’intolérance à l’histamine.
La génétique, la prise de certains médicaments, certaines déficiences en nutriments (comme vitamine C et cuivre) peuvent réduire l’activité de la diamine oxydase (DAO) impliquée dans la dégradation de l’histamine, et donc jouer aussi un rôle dans cette intolérance.
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Les différentes sources d’histamine
L’histamine est une amine dite biogène. Chacun des 4 types de récepteur à l’histamine (de H1 à H4) déclenche une voie de signalement distincte. D’où vient l’histamine ? Il existe trois sources. L’histamine est synthétisée par notre organisme à partir de l’histidine. Certaines bactéries du microbiote intestinal produisent aussi de l’histamine. Enfin, l’alimentation apporte de l’histamine. C’est la dégradation insuffisante d’une charge donnée d’histamine qui pose problème dans cette intolérance.
L’histamine se retrouve surtout dans :
- Les charcuteries, fromages âgés, légumineuses, agrumes
- Les aliments fermentés, extraits de levure.
- Certaines herbes et épices comme le cumin, la moutarde, le paprika, le piment et le poivre.
- Le café, le vin, la bière et le cidre.
- Certains légumes : tomate, aubergine et épinards.
Mais il faut aussi tenir compte des aliments histamino-libérateurs, c’est-à-dire qui activent la production d’histamine par les mastocytes. C’est par exemple le cas du chocolat, des noix… Mais on ne sait encore que relativement peu de chose sur ce sujet.
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Le diagnostic passe par le régime
Différents tests existent pour diagnostiquer l’intolérance à l’histamine, mais comme le précise une revue récente de la situation dans la revue Nutrients, ils ne sont pas suffisamment fiables. Il faudrait développer plus de biomarqueurs robustes et solides pour permettre de mieux chiffrer la prévalence de cette intolérance. Le diagnostic passe par une régime pauvre en histamine pendant 2 à 4 semaines, suivi d’une réintroduction progressive pour identifier les aliments et les quantités de denrées qui sont incriminés.
Si la demande d’aliments et de régimes pauvres en histamine continue à croitre, comme cela a été le cas pour le gluten, l’industrie alimentaire pourrait saisir cette opportunité pour proposer des denrées à faible teneur en histamine…
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