L’édifice porte-drapeau de l’alimentation équilibrée évolue pour refléter au plus près les connaissances en nutrition, notamment sur les relations entre aliments et santé, tout en intégrant l’aspect de la durabilité, et en tenant compte des habitudes alimentaires et modes de consommation.
Ce n’est pas une révolution, mais une évolution: la Pyramide Alimentaire 2020, développée par Food in Action et le département diététique de l’Institut Paul Lambin – Haute École Léonard de Vinci – a été revue dans son contenu et son graphisme, de manière à être en parfaite cohérence avec les enjeux actuels, dont les recommandations alimentaires pour la Belgique, et avec un look plus actuel.
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La pyramide «décapitée»
La Pyramide Alimentaire est un «modèle» couramment utilisé et très apprécié des professionnels de la santé, le principe même de la pyramide a été maintenu. Il permet de hiérarchiser de façon semi-quantitative le poids respectif des différentes familles, ce qui est jugé utile. Le risque de voir considérer ce qui est dans la pointe de la pyramide comme étant le plus précieux et donc le plus «recommandé» est une critique qui a été formulée, mais ce risque a été évalué comme minime, le modèle étant déjà bien ancré. Cependant, pour lever toute ambiguïté, la pointe a été détachée de l’édifice, et rebaptisée pour ce qu’elle représente: un groupe qui englobe les aliments et boissons non-indispensables.
Si l’édifice ne change donc pas fondamentalement, l’approche sous-jacente n’est cependant plus la même: jusqu’en 2019, la Pyramide Alimentaire a été conçue de manière à garantir, par les équilibres entre diverses familles alimentaires, l’apport en nutriments tels que préconisés dans les recommandations nutritionnelles. Désormais, cette approche est complétée par les connaissances sur les relations entre les aliments et la santé – ce qui explique par exemple l’apparition des fruits à coque et graines comme une famille à part entière. De plus, elle intègre la dimension durabilité, ce qui s’exprime au travers de plusieurs changements dans les visuels. Les quantités sont également mieux précisées.
Les évolutions de la pyramide, de la base au sommet
Voici le détail des modifications effectuées au sein des différentes familles alimentaires:
- Eau et boissons non sucrées: la bouteille en plastique a été remplacée par une gourde pour des raisons de durabilité.
- Fruits: le message devient «250 g par jour», à la place de 2 fruits par jour, conformément aux recommandations alimentaires du CSS (2019). Pour la durabilité, la banane a été remplacée par une tranche de melon.
- Légumes: le message devient «min. 300 g par jour». L’avocat a été supprimé pour des raisons de durabilité. Les légumes, dont le compartiment est plus grand que celui des fruits, sont passés à gauche, de manière à inscrire cette différence dans le sens de la lecture.
- Féculents: cette famille inclut toujours la pomme de terre et les féculents sont à consommer à chaque repas. Mais conformément aux recommandations du CSS, un message spécifique concerne les céréales complètes, qui sont à consommer à raison d’au moins 125 g par jour (poids comestible). Les céréales complètes sont par ailleurs mieux mises en évidence dans le graphisme: pâtes et riz complets (plus foncés), flocons d’avoine à la place du pain multicéréales, knackebrood à la place des galettes de riz. L’épi de blé (qui ne se consomme pas en tant que tel) a été remplacé par des grains de céréales.
- VVPOLAV: le contenu de ce groupe, avant tout source de protéines, ne change pas, hormis pour ce qui concerne les viandes transformées qui, compte tenu de la recommandation du CSS qui les limite à 30 g par semaine, se retrouvent logiquement dans les denrées non indispensables à limiter/gérer, c’est-à-dire la pointe. Le message «1 à 2 fois par jour, en alternance», est désormais plus précis, et conforme aux recommandations du CSS:
- poisson et fruits de mer 1 à 2 fois par semaine,
- légumineuses au moins 1 fois par semaine,
- viande rouge max. 300 g par semaine.
Précisons qu’il s’agit de poids tel que consommé, donc éventuellement cuit. Le terme «viande rouge» désigne la viande de bœuf, de porc, de veau, d’agneau, de chèvre, de mouton et de cheval. Dans le graphisme, un des deux poissons a été remplacé par un fruit de mer (crevette).
- Produits laitiers et alternatives végétales enrichies en calcium: produits laitiers et alternatives végétales enrichies en calcium restent regroupés en raison des habitudes alimentaires, mais conformément aux recommandations du CSS, un message spécifique est attribué aux produits laitiers: 250 à 500 g de lait ou équivalents laitiers par jour. Il importait d’apporter la nuance d’équivalents laitiers afin d’éviter que le message soit mal interprété, en particulier pour ce qui concerne les fromages (et surtout les fromages à pâte dure), pour lesquels on ne peut pas appliquer d’équivalence pondérale avec le lait. Ainsi, 250 ml de lait correspondent environ à 2 yaourts de 125 g, à 100 g de fromage frais ou 30-40 g de fromage à pâte dure.
- Matières grasses ajoutées et oléagineux: cette famille a été scindée en deux familles distinctes: «Matières grasses ajoutées» et «Fruits à coque et graines», étant donné que même si toutes deux sont riches en lipides, elles ne sont pas interchangeables pour ce qui concerne leurs effets sur la santé. Les fruits à coque et graines figurent dans le top 5 des mesures prioritaires établies par le CSS et reprises dans l’Épi Alimentaire, cela mérite donc bel et bien de faire l’objet d’un groupe et d’une recommandation distincts (15 à 25 g par jour). Le message pour les matières grasses est devenu plus direct: «modérément, et varier les sources». Les raviers et bouteilles en plastique ont été remplacés par du papier et du verre.
- Pointe: elle regroupe les «Non-indispensables» et a été détachée du reste de l’édifice pour bien marquer la différence avec le reste qui représente l’alimentation équilibrée. La couleur rouge a été volontairement évitée étant donné que les interdits ne sont pas considérés comme productifs dans la communication santé. Outre les produits gras, sucrés et/ou salés, les boissons sucrées et/ou alcoolisées, ce groupe accueille désormais, les viandes transformées, représentées par une tranche de salami. Une salière a également été ajoutée pour sensibiliser sur le sujet du sel ajouté, une des 5 priorités de l’Épi Alimentaire.
La Pyramide alimentaire 2020 privilégie les aliments pas ou peu transformés, ce qui, au-delà du débat sur la place des aliments ultra-transformés, est une manière de mieux gérer l’apport en sel, ce qui constitue aussi une des 5 recommandations phares du CSS et qui figure dans l’Épi Alimentaire.
Rappelons que la Pyramide alimentaire 2020 est avant tout un outil éducatif destiné aux adultes, et qu’elle n’a pas été conçue spécifiquement pour les enfants, même si elle peut servir de support visuel et que les diététiciens sont en première ligne pour aider tout un chacun à l’interpréter correctement.
Enfin, précisons que la Pyramide Alimentaire 2020 est un outil complémentaire à l’Épi Alimentaire, dans la mesure où elle donne une vue d’ensemble des denrées qui composent une alimentation équilibrée, l’Épi mettant quant à lui en avant les 5 mesures leviers alimentaires prioritaires pour gagner le plus d’années de vie en bonne santé.
Très clair et utile pour les patients ! Si c’est possible de recevoir quelques modèles ou affiche pour l’éducation, je suis preneur !
En espérant qu’on pourra quand même encore manger la banane, de temps en temps 😉