La dernière enquête sur les Comportements et Consommations Alimentaires en France (CCAF) du CREDOC fait du bruit chez nos voisins. Les Français n’ont jamais mangé aussi peu de fruits et légumes. Et la tendance progresse plus vite dans les jeunes et familles nombreuses.
Les données sont extraites du système d’enquêtes CCAF, dont la dernière édition a été menée entre l’automne 2015 et l’été 2016 auprès de 1.500 ménages représentatifs de la France métropolitaine.
Les résultats, disponibles depuis cet été, mettent en exergue la baisse marquée du suivi de la recommandation en fruits et légumes entre 2010 et 2016.
La crise économique balaye le PNNS
Les messages diffusés par le PNNS ont été efficaces dès leur démarrage en 2007. Ainsi, entre 2007 et 2010, la proportion d’adultes (18 ans et plus) respectant la recommandation des cinq portions de fruits et légumes par jour a progressé de quatre points, passant de 27% à 31%. Mais cet effet positif a été littéralement anéanti par la crise économique. Ainsi, en 2013 et en 2016, cette proportion est retombée à 25%.
Dans le même temps, la part des petits consommateurs (moins de 3,5 portions par jour) a augmenté de 8 points par rapport à 2010, pour atteindre 54% en 2016. Le constat est identique chez les plus jeunes. Seulement 6% des 3 à 17 ans consomment plus de cinq portions de fruits et légumes par jour. La part de très petits consommateurs (moins de deux portions par jour) est passée de 32% en 2010 à 45% en 2016 dans cette tranche d’âge.
Jeunes et familles nombreuses: moins de fruits et légumes
Chez les adultes, si la part de très faibles consommateurs augmente dans toutes les catégories de diplômes, la hausse des faibles consommateurs est nettement plus importante chez les plus diplômés. Ce phénomène s’explique en partie par l’effet de génération: aujourd’hui, les plus jeunes sont davantage diplômés et moins consommateurs.
L’effet générationnel est même déterminant. Alors que, dans la génération née entre 1987 et 1996, le niveau de consommation de légumes à 25 ans est de 50 g par jour et celui de fruits de 45 g, il était, au même âge, plus de deux fois supérieur dans la génération née entre 1967 et 1976 avec 145 g de légumes et de 100 g de fruits! En cause, des modes de vie urbains orientés vers la praticité, moins favorables aux fruits et légumes.
Enfin, l’arrivée des enfants, surtout à partir de trois enfants, réduit les temps consacrés à l’alimentation. Par rapport à celle des enfants uniques, la proportion de très faibles consommateurs est de 17 points plus élevée chez les enfants vivant dans les familles avec trois enfants et plus.