Les dégâts causés par des toxines naturelles dans la chaîne alimentaire sont désormais mieux documentés. À l’échelle de la planète, ces toxines feraient perdre plus de 9 millions d’années de vie en bonne santé et réduiraient l’efficacité des vaccins.
Bien que ce sont plus volontiers les substances artificielles qui occupent le haut du panier des craintes alimentaires, la nature regorge de toxines redoutables. Si leurs effets sont souvent documentés, leur contribution réelle aux pathologies et à la mortalité est plus difficile à évaluer.
Mais un nouveau pas vient d’être franchi: les effets de certaines de ces toxines alimentaires sur la charge de morbidité sont désormais quantifiés. Ces nouvelles données, présentées à la réunion annuelle de la Society for Risk Analysis (SRA) vont permettre de mettre à jour les publications de l’OMS consacrées à l’analyse de la charge de morbidité causée par ces toxines.
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Les métaux lourds plombent le bilan
L’impact des toxines alimentaires sur les cancers, les maladies cardiovasculaires et neurologiques n’est pas négligeable. Ainsi, sur base des données de 2015, il apparaît que l’exposition alimentaire à l’arsenic, au méthylmercure, au plomb et au cadmium aurait causé, dans le monde:
- plus de 500 000 pathologies,
- 56 000 décès,
- la perte de plus de 9 millions d’années de vie en bonne santé (exprimé en DALYs).
Les régions les plus exposées sont l’Asie du Sud-Est et les îles du Pacifique (Pacifique Occidental).
L’aflatoxine, produite par des moisissures sur les céréales et fruits à coque, est connue pour augmenter le risque de cancer du foie. Dans cette nouvelle évaluation du risque, les chercheurs arrivent au constat que les aflatoxines provoquent un cancer du foie chez l’homme à un taux plus élevé que l’alcool. Ils estiment à 155 000 le nombre de cancers du foie provoqués chaque année par cette mycotoxine.
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L’aflatoxine réduirait l’efficacité de la vaccination
Par ailleurs, ils ont pu montrer que l’aflatoxine nuit également au système immunitaire humain, ce qui peut entraîner une réponse altérée aux infections. Pour Felicia Wu (Michigan State University), qui a mené ces recherches, cela pourrait expliquer le moindre succès de la vaccination qui s’observe dans les pays à faible revenu. C’est particulièrement le cas de l’Afrique, où le maïs et les arachides, deux cibles privilégiées de l’aflatoxine, constituent des aliments de base.
Enfin, la contamination au plomb est connue pour affecter le système nerveux, en particulier chez les nourrissons et les enfants. Cette nouvelle évaluation du risque arrive au constat qu’en moyenne, la contamination au plomb dans les aliments entraînerait une diminution d’environ un point de Quotient Intellectuel (QI).
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