Le changement climatique ferait aussi des victimes nutritionnelles. L’une d’entre elles serait le sélénium, un oligo-élément qui disparaît progressivement du sol. Moins de sélénium dans les aliments signifie aussi un risque de maladies accrues par carence dans de nombreuses régions du monde.
Le sélénium, si petit, mais si important
Le sélénium (Se) est indispensable pour la santé humaine. Il est ingéré notamment via les céréales (surtout complètes). Mais la quantité de sélénium dans la nourriture dépend fortement de sa concentration dans le sol. Cet antioxydant joue un rôle important dans le système immunitaire. Il sert également de composant pour de nombreuses protéines.
Aujourd’hui, jusqu’à un milliard de personnes sont probablement touchées par un apport insuffisant en sélénium. En Europe, les sols pauvres en cet antioxydant se trouvent principalement en Allemagne, au Danemark, en Ecosse, en Finlande et dans certaines régions des Balkans. Sa répartition mondiale, cependant, était jusqu’ici en grande partie inconnue.
Des pluies diluviennes responsables
Un consortium international de chercheurs a compilé les informations de 16 séries de données collectées entre 1994 et 2016 et analysé au total 33.241 échantillons de sol. Résultat: les sols qui sont délavés par les précipitations enregistrent une perte de sélénium.
C’est donc dans les zones avec des précipitations faibles à modérées et une forte teneur en argile des sols, que le sélénium se maintient dans le sol. Sur la base de ces connaissances, les chercheurs ont modélisé la concentration de sélénium moyenne des sols pour les périodes allant de 1980 à 1999 et de 2080 à 2099.
Dans certaines parties d’Australie, de Chine, d’Inde et d’Afrique, le changement climatique entrainera un accroissement du taux de sélénium. Mais globalement, le sélénium contenu dans les sols va diminuer, concluent les chercheurs. Par rapport à 1980-1999, 66% des surfaces agricoles vont perdre d’ici la fin de ce siècle (2080-2099) en moyenne 9% de leur sélénium.
Ce sont principalement les terres arables en Europe et en Inde, en Chine, au sud de l’Amérique du Sud, en Afrique du Sud et au sud-ouest des États-Unis qui seront affectées (voir carte). Des solutions sont donc à trouver et pourraient prendre la forme d’engrais enrichis en sélénium.