C’est tout le métabolisme du lycopène, un caroténoïde rouge de la tomate, et de ses effets anticancéreux, qui est décrypté avec cette étude de l’Université de l’Illinois. Et une nouvelle technique de production de molécules bioactives naturelles, traçables ensuite dans le corps des consommateurs, vient d’être développée.
Ces travaux présentés dans l’American Journal of Clinical Nutrition vont permettre de mieux comprendre le principe d’action et tout l’enjeu des composés bioactifs naturels, tels que le lycopène, pour notre santé.
Des années de recherche ont démontré que le lycopène, le pigment rouge bioactif présent dans les tomates, réduit la croissance de tumeurs de la prostate. La tomate contient en abondance cet antioxydant précieux, déjà remarqué pour ses propriétés revigorantes pour la circulation sanguine et protectrices contre l’AVC, son effet réducteur de cholestérol, son effet préventif contre certains cancers, comme le cancer du sein.
Tracer le métabolisme du lyscopène
Jusqu’à présent, le métabolisme du lycopène dans le corps humain n’avait pas encore été documenté. L’équipe de chercheurs a cultivé des plants de tomates en suspension, qui produisent des molécules de lycopène avec un poids moléculaire plus lourd afin de pouvoir tracer, chez 8 participants en bonne santé (4 hommes et 4 femmes) l’ensemble du métabolisme du lycopène de son absorption à sa transformation (ou métabolisme) en passant par sa biodistribution.
L’objectif à terme étant de mener les mêmes recherches mais chez des hommes atteints de cancer de la prostate pour mieux comprendre l’activité anti-cancéreuse du composé.
Des molécules de lycopène traçables dans le corps
Les chercheurs ont peu à peu appris à optimiser la production de lycopène dans des cultures de cellules de tomate et ont réussi à incorporer, dans les molécules de lycopène, des atomes de carbone permettant de suivre, à très long terme, ces molécules dans le corps. Les essais humains ont ainsi pu commencer et l’équipe a suivi l’activité du lycopène chargé en carbone dans le sang des 8 participants.
Ces analyses apportent de nouvelles données sur l’efficacité et la rapidité d’absorption du lycopène dans le corps et les changements structurels qui suivent cette absorption du lycopène.
Un changement de structure chimique
Lorsqu’il est consommé, le lycopène subit un changement dans sa structure chimique, ce changement est lié à son effet sur la santé. Ainsi, la plupart du lycopène des tomates que nous consommons existe sous une forme rigide et linéaire, d’isomères «tout-trans», mais dans le corps des consommateurs réguliers de tomates, le lycopène prend une forme plus courbée et plus souple, «d’isomères-cis».
Parce que cette forme est la plus souvent présente dans le corps, de nombreux chercheurs suggèrent qu’elle est la forme qui apporte cet effet réduction du risque de maladie. Ici, le suivi des molécules de lycopène chargées en carbone suggère que la forme «tout-trans» se transforme en lycopène cis, peu après l’absorption.
Une nouvelle technique de «bioproduction»
Toutes ces recherches ont permis de développer de nouvelles unités de «bioproduction» capables aussi de produire des versions plus lourdes d’autres composés bioactifs présents dans les aliments. Dans un autre essai, c’est le phytoène, une autre molécule bioactive de la tomate, qui est ainsi «métaboliquement» suivie chez 4 participants.
La lutéine, présente dans les légumes verts et les jaunes d’œufs, reconnue comme bénéfique à la santé des yeux et du cerveau est également sur les starting-blocks d’essais similaires. Une technique de production et de recherche qui va permettre de mieux comprendre les processus sous-jacents aux effets bénéfiques des nutriments naturels présents dans nos aliments et de conforter les multiples études qui ces dernières années, font valoir ces bénéfices «naturels».