De nouvelles recherches suggèrent que l’attitude anti-graisses des mamans est adoptée par le jeune enfant dès l’âge de 32 mois.
Dans le contexte actuel de «globésité», les préjugés anti-graisses se multiplient, et peuvent causer plus de tort que de bien. La phobie du gras et de l’obésité peut en effet se transmettre de la maman à l’enfant, et des travaux récents ont montré que cette attitude se retrouvait déjà chez les enfants d’âge préscolaire.
Mais cette nouvelle étude, menée par des chercheurs de Nouvelle-Zélande, d’Australie et des États-Unis montre qu’elle peut même survenir déjà à l’âge de 32 mois.
Les bébés regardent davantage les gros
Les auteurs ont présenté à 70 enfants et tout-petits, des paires de photos comprenant chacune une personne obèse et une autre de poids normal (visage masqué). Parallèlement, ils ont jaugé l’attitude des mamans par rapport à l’obésité.
Leur expérience montre que les enfants les plus jeunes, à environ 11 mois, préfèrent regarder les photos d’obèses, alors que ceux âgés de quelque 32 mois préfèrent regarder les images avec la corpulence normale. Mais surtout, l’étude révèle que cette préférence est corrélée au préjugé anti-graisses des mamans: plus il est marqué, plus les enfants de 32 mois se détourent des photos d’obèses.
Les risques de la stigmatisation
Le Professeur Ruffman de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande explique que jusqu’à présent, certains considéraient que cette attitude anti-graisses était innée. Mais cette étude montre qu’au contraire, elle relève de l’apprentissage social, qui s’effectue très tôt.
Les préjugés basés sur le poids sont, pour Ruffman, nuisibles d’un point de vue social, psychologique et physique. Il estime que chez les personnes en excès de poids, la stigmatisation peut conduire à l’isolement social, une activité physique insuffisante, voire à la dépression.
Ruffman T. et al., J Exp Child Psychol., 2015 Nov 7.