L’effet protecteur du lait maternel ne suffit pas à prévenir toutes les allergies. C’est en tout cas les conclusions de chercheurs français qui viennent de montrer que les allergènes d’acariens pouvaient être présents dans le lait maternel et favoriser la sensibilisation des enfants.
Eviter les acariens ne suffit pas
On recommande habituellement l’éviction maximale des acariens dans l’environnement des enfants en bas-âge au cours de leurs premières années de vie. Cette mesure est surtout appliquée chez les enfants à risque. Mais cette approche ne permettrait pas de limiter le développement des allergies respiratoires déclenchées par ces arachnides microscopiques. Et pour cause: un travail conduit à partir des données de la cohorte EDEN vient de montrer que les allergènes d’acariens pouvaient être présents dans le lait des mères allaitantes et favoriser l’apparition d’asthme ou de rhinite allergique chez leurs enfants.
La cohorte EDEN
EDEN (Etude sur les déterminants pré- et post-natals précoces du développement et de la santé de l’enfant) réunit 2.000 femmes enceintes et leurs enfants. Dans cette étude de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (IPLESP) de Paris, conduite chez 255 femmes, les chercheurs ont dosé l’allergène du principal acarien domestique Dermatophagoides pteronyssinus (Der p1). Verdict: le lait de 2/3 des mères contenait Der p1, dans des quantités similaires à celles que l’on trouve habituellement dans le lait maternel pour les allergènes alimentaires les plus communs.
Une sensibilisation par voie orale est possible
Les chercheurs ont ensuite évalué l’incidence de l’asthme ou de la rhinite allergique chez leurs enfants. A l’âge de 5 ans, les enfants nés de mères ayant un terrain allergique et un taux élevé d’allergènes dans leur lait souffraient plus souvent d’asthme et de rhinite que les autres. Ce qui tend à prouver que les allergènes respiratoires pourraient non seulement sensibiliser les enfants par voie aérienne, mais aussi par voie orale. Cela n’exclut cependant un effet inverse, à savoir que chez les mères sans terrain allergique, cette exposition puisse contribuer à la tolérance…
Baïz N et al., Journal of Allergy and Clinical Immunology, 2016.