Cette année, la semaine des diététicien·ne s est consacrée à un sujet complexe qui concerne toute la population : comment se nourrir en respectant la planète. Nous avons rencontré Pierre Garin, responsable du groupe des diététiciens pour l’écologique alimentaire et vice-président de l’UPLF.
Cela ne fait désormais plus aucun doute : les enjeux sociétaux d’une population bien nourrie pour être en bonne santé ne peuvent plus être dissociés de la capacité de la planète à produire cette nourriture. Autrement dit, santé humaine et santé de la planète vont de pair. Cela fait des décennies que les diététicien·ne·s poursuivent des objectifs d’équilibre alimentaire. Désormais, ils doivent étendre leurs compétences et leur métier à l’alimentation durable. C’est le rôle du Groupe des diététiciens pour l’écologie alimentaire, explique Pierre Garin, qui souligne l’importante d’une prise de conscience quant à nos choix alimentaires.
À lire aussi : Excès de poids et alimentation durable : même combat ?
Alimentation durable, au-delà de l’impact carbone
L’écologie alimentaire est une notion plus large que l’impact de l’alimentation sur l’environnement, basé sur l’impact carbone, et qu’il reste d’ailleurs à mesurer avec précision. Elle englobe les technologiques de fabrication, de la législation (comme l’agriculture et l’élevage biologique), le développement durable… Ce groupe de diététiciens vise à favoriser le questionnement et à attirer l’attention sur le sujet.
Un des aspects touche à l’ultra-transformation. Si je prends l’exemple de la transition alimentaire vers moins de produits animaux et plus de végétaux, explique le diététicien, ce n’est pas suffisant. Pour nous, l’écologie alimentaire sous-entend que cette transition s’opère en privilégiant les végétaux pas ou peu transformés, et non des alternatives végétales à la viande ou au produits laitiers sous forme d’aliments ultra-transformés. Et l’origine de ces végétaux a aussi de l’importante : il s’agit d’exploiter correctement les protéines végétales dans l’Union Européenne, en privilégiant les produits bruts, simples, cultivés dans nos régions.
À lire aussi : une alimentation durable, saine et accessible, c’est possible
Utopique ? Et alors !
A la question « Mais n’est-ce pas utopique de vouloir faire manger à tous uniquement des produits végétaux pas ou peu transformés ? Pierre Garin confie : oui, un peu. Mais il faut se fixer des objectifs irréalistes si on veut aller loin ! Si je prends l’exemple des légumineuses, il y a de nombreuses façons de les intégrer facilement dans notre alimentation. Pourtant, les diététicien·ne·s n’utilisent que relativement peu les légumineuses. Pourquoi ? Les connaissent-ils suffisamment ? Il faut développer du matériel harmonisé pour les diététiciens, et il faudrait que les astuces et conseils de chacun soient tous partagés ! Les diététicien·ne·s sont à un tournant, ils/elles doivent changer la manière d’aborder l’alimentation.
Et qu’en est-il du café et du chocolat, qui ne sont pas locaux ? La mondialisation est là, et elle a aussi de bons côtés, poursuit Pierre Garin. L’écologie alimentaire ne cherche pas à se replier sur une autonomie alimentaire complète et donc à abandonner certains aliments. Mais pour le café et le chocolat, je préfère privilégier les petits producteurs…