Adopter une alimentation durable serait-il une stratégie à la fois efficace et différente de ce qui se fait habituellement pour prévenir le développement de l’excès de poids et de l’obésité? C’est ce que permet d’entrevoir cette étude réalisée auprès de la cohorte NutriNet-Santé.
La problématique de l’excès de poids et de l’obésité est généralement ramenée à un apport énergétique excessif par rapport aux dépenses, alors que celle de la durabilité repose en grande partie sur la réduction des protéines animales au profit d’une alimentation plus végétale. En réalité, les kilos de graisse excédentaires mis en réserves représentent une forme de gaspillage des ressources, et font croître le bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
À l’inverse, l’adoption d’une alimentation plus conciliante pour l’environnement pourrait aussi constituer une aide pour lutter contre le développement de l’excès de poids et de l’obésité, selon cette nouvelle étude parue dans le American Journal of Clinical Nutrition.
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Plus d’excès de poids chez ceux qui mangent le moins durablement
Louise Seconda (Université Paris 13) et ses collègues ont examiné les données de 15 626 participants à l’étude NutriNet-Santé (composé de 76% de femmes). En 2014, le niveau de durabilité a été déterminé à l’aide du Sustaibable Diet Index. Celui-ci donne un score de 4 (plus faible durabilité). L’évolution de la cohorte, en particulier le poids et la taille, a été mesurée chaque année jusqu’en 2019.
Les résultats montrent que:
- Au début du suivi, le pourcentage de participant en excès de poids est plus élevé dans le quintile le plus bas pour la durabilité de l’alimentation (Q1): il est de 29,83% dans le Q1, et que de 12,71% dans le Q5 (alimentation la plus durable).
- Au cours des 2,8 ans de suivi moyen, le poids parmi ceux qui avaient l’alimentation la moins durable a augmenté de 160 g en moyenne, alors que le poids est resté stable dans les autres groupes.
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Une nouvelle approche dans la lutte contre l’obésité
En tout, ce sont 281 nouveaux cas d’obésité et 777 cas de surpoids qui ont été identifiés au cours du suivi. Les auteurs calculent que les personnes du Q1 ont un risque accru de développer une obésité ou un excès de poids: par rapport à ceux qui mangent le plus durablement (Q5), le risque d’obésité de ceux qui mangent le moins durablement est multiplié par 4, celui d’excès de poids est augmenté de 50%.
Ces données font émerger le potentiel préventif que pourraient représenter des approches basées sur des modifications du comportement pour manger plus durablement. En ajoutant la dimension «santé de la planète» à celle de la santé humaine, la durabilité pourrait donner un souffle nouveau dans les motivations susceptibles de contribuer à la lutte contre l’obésité.
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