Manger équilibré tout en limitant à 1,5 degré le réchauffement associé à la production de nourriture et sans dépenser plus, voilà un défi de taille. Le WWF Belgique a fait l’exercice et montre qu’il est possible d’optimiser l’alimentation dans ce sens.
La nutrition ne peut plus se limiter à la satisfaction des besoins nutritionnels, elle doit tenir compte de l’impact des systèmes alimentaires sur la planète. Des systèmes alimentaires qui sont aujourd’hui responsables de 21 à 37 % de l’émission de gaz à effet de serre contribuent à la déforestation, à la diminution de la biodiversité et à la dégradation des sols. Plusieurs modélisations, dont le rapport EAT-Lancet, ont montré le nécessaire déplacement vers une alimentation plus végétale (sans pour autant être végétarienne). Dans ce nouveau rapport, le WWF s’est intéressé au contexte belge, et montre comment l’alimentation devrait être optimisée pour satisfaire les recommandations nutritionnelles du CSS tout en contribuant à limiter le réchauffement associé à la production alimentaire à 1,5 degré pour 2030.
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Le plus durable, c’est moins de viande
L’exercice a été mené à l’aide du logiciel Optimeal® pour une famille composée de deux adultes, un adolescent et un enfant. L’assiette ainsi optimisée voit son empreinte carbone réduite de plus de moitié : de 16,7 à 8,0 kg d’équivalents CO2/jour pour la famille de 4. Comme on pouvait s’y attendre, l’alimentation optimisée mène à :
- Une part plus importante de végétal tels que fruits, légumes, légumineuses, substituts végétaux aux produits laitiers, graines oléagineuses et produits à base de céréales.
- Une réduction importante de viande et de produits de viande, qui devraient être divisés par 5 par rapport à la consommation actuelle.
- Une réduction de 53 % des produits laitiers, remplacée par des alternatives végétales.
À noter que l’étude ne fait pas la distinction entre alternatives végétales enrichies en calcium ou non, et ne semble pas tenir compte du fait qu’en Belgique, un grand nombre de vaches sont nourries principalement à l’herbe, modèle plus durable que lorsqu’il faut importer du soja (OGM de surcroît !).
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L’œuf, seul gagnant du règne animal
Seul gagnant parmi les produits du règne animal : l’œuf, en raison de son apport en de nombreux nutriments et son impact environnemental relativement faible. Sa quantité préconisée se voit multipliée par 5.
Les produits riches en matières grasses, sel et sucres ajoutés se voient réduits, ce qui se traduit par une réduction du score NOVA (degré de transformation) de l’alimentation.
Du côté du coût, l’alimentation optimisée coûtera, pour une famille de 4 et par semaine, 158 euros, contre 172 actuellement. Cette différence peut servir à acheter des denrées plus éthiques ou plus durables (Fairtrade, Bio…). Ainsi, pour des produits tels que fruits, légumes, viande, produits laitiers, café et thé, l’assiette optimisée pourrait comporter environ 30 % de produits certifiés sans modification du coût initial.
Reste à voir dans quelle mesure cette alimentation peut être mise en pratique (elle demande notamment plus de temps et d’aptitudes culinaires) et est culturellement et socialement acceptable…
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WWF. Towards a sustainable, healthy and affordable Belgian diet. Avril 2021.