Une femme sur 3 consomme de l’alcool et une sur 10 pratique le binge drinking durant sa grossesse, c’est la réalité dévoilée par cette étude multicentrique publiée dans le British Medical Journal Open. Cette étude le rappelle et appelle à de nouvelles interventions de toute urgence pour réduire la consommation d’alcool chez les femmes avant et pendant la grossesse.
Les chercheurs de la maternité de Cork et d’autres hôpitaux et instituts de recherche d’Irlande, du Royaume-Uni, d’Australie et de Nouvelle-Zélande ont suivi durant plus de 7 ans plus de 17.000 femmes de ces quatre pays, ont comparé leur consommation d’alcool avant et pendant leur grossesse et regardé quels groupes de femmes étaient les plus susceptibles de déclarer une consommation d’alcool pendant la grossesse.
Les données étaient issues de 3 cohortes, la Growing up in Ireland (GUI study: 10.953 participantes), la Pregnancy Risk Assessment Monitoring System Ireland (PRAMS Ireland: 718 femmes), l’international Screening for Pregnancy Endpoints (SCOPE study: 8.531 femmes).
8 femmes irlandaises sur 10 ont bu pendant leur grossesse
On notera d’abord que parmi les participantes, 651 étaient britanniques et un tiers déclare pratiquer le binge drinking au cours du premier trimestre de grossesse, ce qui met en émoi les autorités sanitaires britanniques. Dans tous les pays, ce taux chute de façon spectaculaire durant le deuxième trimestre de grossesse, à environ 1%: ces données suggèrent que les femmes ont arrêté de consommer de l’alcool dès la nouvelle de leur grossesse.
C’est en Irlande, que les participantes de l’étude SCOPE déclarent les plus hauts niveaux de consommation d’alcool:
- 90% des femmes irlandaises déclarent avoir bu avant la grossesse,
- 82% pendant la grossesse,
- 59% rapportent des épisodes de binge drinking avant la grossesse,
- 45% au cours de la grossesse.
Au second trimestre, la proportion de femmes irlandaises qui consomment de l’alcool chute entre 29 et 31%. En Australie, le taux de consommation d’alcool durant la grossesse est estimé à 53%, de binge drinking (au moins 1 épisode) à 11%. Au Royaume-Uni, ces taux sont respectivement de 75 et 33%. On retiendra également que les femmes qui fument sont plus susceptibles de boire de l’alcool pendant leur grossesse.
Prévenir la consommation d’alcool avant et pendant la grossesse
En conclusion, quel que soit le pays, la consommation d’alcool n’est pas un comportement marginal. De nombreuses associations alertent régulièrement sur l’insuffisance d’interventions d’éducation et de prévention de la consommation d’alcool chez les femmes enceintes ou en âge de concevoir. Il est clair que de nouvelles politiques et interventions sont nécessaires de toute urgence pour réduire la consommation d’alcool chez les femmes avant et pendant la grossesse.
Enfin, les auteurs appellent à mettre en œuvre des moyens plus fiables que le «déclaratif», comme des alcootests, a minima lors des études, pour évaluer et suivre la consommation d’alcool pendant la grossesse.