Une carence en protéines au cours de la grossesse est associée à des anomalies digestives durables pour la descendance. Bien que ce travail ait été mené chez l’animal, il démontre une fois de plus l’incidence du stress périnatal sur la santé de l’adulte et interpelle sur les conséquences de carences involontaires ou provoquées par des régimes restrictifs pendant la grossesse.
En étudiant le lien entre malnutrition périnatale et système digestif chez le rat, une équipe de chercheurs de l’INSERM, en collaboration avec l’Inra et l’Université et CHU de Nantes, a découvert des anomalies fonctionnelles digestives chez les ratons et une réponse inadaptée au stress. Ces travaux sont publiés dans The FASEB Journal.
La malnutrition durant la gossesse met en péril la santé tout au long de la vie
Plusieurs études ont déjà mis en évidence qu’une malnutrition maternelle avait des retentissements sur le développement cardiovasculaire ou encore cognitif de la descendance, avec des répercussions à l’âge adulte. Cette fois, les chercheurs ont étudié ces effets sur le système digestif de ratons, peu avant l’âge adulte. Pour cela, ils ont réduit de moitié les apports en protéines des mères pendant toute la durée de la gestation et de la lactation, puis réintroduit une alimentation normale une fois les ratons sevrés.
Les chercheurs ont étudié dans un premier temps le fonctionnement du système digestif des ratons et en particulier le transit et la perméabilité intestinaux. Ils ont constaté une augmentation de ces deux paramètres chez les animaux dont les mères avaient été carencées en protéines. Par ailleurs, l’équipe a relevé chez ces derniers des taux élevés d’hormone du stress.
Les carences involontaires et les régimes restrictifs réduisent la résistance au stress
Pour comprendre ces dysfonctionnements, les chercheurs ont soumis ces animaux à un stress psychologique «modèle». Chez des rats contrôles, une situation de stress déclenche une accélération du transit et une augmentation de la perméabilité. Or, cette réponse était altérée chez les ratons dont les mères avaient été carencées. Leur activité digestive de base est plus importante, mais n’augmente pas au cours du stress. Les chercheurs ont ensuite examiné si le système nerveux digestif était modifié. Ils ont constaté que l’hormone du stress induisait un excès de neurones stimulant la motricité et la perméabilité intestinales. Or ce défaut est annonciateur d’une mauvaise capacité à répondre au stress.
Les chercheurs posent l’hypothèse suivante: la carence nutritionnelle périnatale conduirait à une augmentation de l’hormone du stress chez la descendance, qui induirait elle-même un remodelage du système nerveux digestif à long terme. Celui-ci serait responsable de troubles digestifs pouvant fragiliser l’intestin et impacter le bien-être et la qualité de vie.
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