L’insuffisance rénale affecte, tout stade confondu, près de 10 % de la population mondiale, et la Belgique n’est pas épargnée. Quelles sont les adaptations prioritaires de l’alimentation ? Rencontre avec Viridiana Grillo, co-responsable, avec Emilie Legay, du groupement des diététiciens en néphrologie et enseignante à la HE Vinci.
9,7 % : ce sont les derniers chiffres de la prévalence de l’insuffisance rénale chronique (IRC) en Belgique, tous stades confondus, explique Viridiana Grillo. Quant à la prévalence des personnes sous dialyse (stade 5), elle se situe entre 0,25 et 1 % de la population. L’insuffisance rénale est en progression, en raison du vieillissement de la population d’une part, mais aussi parmi les 35 – 44 ans, en raison du diabète de type 2 et de l’hypertension artérielle, principales causes du déclin de la fonction rénale.
Heureusement, des ajustements diététiques judicieux permettent de ralentir significativement la progression de la maladie, et ce d’autant plus qu’ils sont mis en place de façon précoce.
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Moins de sel et de protéines
La mesure prioritaire consiste à réduire le sel, dont la consommation est largement excessive. Elle ne devrait pas dépasser précisément 5,88 g par jour selon les dernières recommandations (KDOQI 2020), alors qu’elle se situe en moyenne aux alentours de 10 g par jour. Les patients atteints d’IRC ont certes reçu comme conseils de réduire le sel, mais nombreux sont ceux qui tombent fréquemment dans certains pièges, explique la diététicienne. Exemples :
- le sel de Guérande, la fleur de sel, le gros sel… sont perçus comme moins salés, alors qu’ils ne le sont pas.
- Idem pour les cubes de bouillon, utilisés à la place du sel… et qui sont généralement riches en sel .
- Les charcuteries et les fromages ne sont souvent pas vus comme étant une source importante de sel…
Pour les protéines, la règle d’or est « ni trop, ni trop peu ». Elles doivent être réduites dans l’insuffisance rénale chronique, sauf en cas de dialyse, où elles doivent au contraire être majorées. La transition qui consiste à réduire les protéines animales au profit des sources végétales, qui s’opère de manière globale, est bénéfique en cas d’IRC, notamment parce qu’elle réduit le risque d’acidose métabolique. Attention cependant à certains messages sur les protéines : une journée limitée à 50 g de protéines ne signifie pas que l’on ne peut manger que 50 g de viande (ou d’une autre source de protéines) au cours de la journée ! Et remplacer la viande rouge par de la volaille et du poisson ne change pas l’apport en protéines…
Additifs dans le viseur : potassium et phosphore
Autres points importants : assurer une bonne hydratation (tant qu’il n’y a pas de problème pour uriner), suivre les principes d’une alimentation équilibrée et pratiquer une activité physique régulière.
Si la prise de sang révèle un taux de potassium élevé, il faut avant tout s’assurer qu’il n’y a pas de constipation (celle-ci étant associée à une augmentation de la kaliémie), et sinon la prendre en charge. Ensuite, il faut contrôler l’ingestion de potassium, de façon ciblée : bien que les fruits et légumes soient source de potassium, ces aliments doivent continuer à être consommés normalement, pour lutter contre l’acidose métabolique. On visera cependant certains additifs à base de potassium (E202, E622…), les « faux sels », le café, les jus de légumes et de fruits, certains fruits…
Si la prise de sang révèle un taux de phosphore élevé, il s’agit de cibler en priorité les additifs (E338, E451, E1412…). Notamment parce que le phosphore des additifs est absorbé à raison de 90 à 100 %, contre 50 % pour les végétaux, et 40 à 60 % pour les produits animaux, ce qui s’explique par l’effet matrice.
Pour trouver un.e diététicien.ne spécialisé.e en néphrologie, ainsi que des outils pour les diététicien.nes et les patients, rendez-vous sur le site du Groupe de diététicien.ne.s spécialisé.e.s en néphrologie.