Les priorités nutritionnelles qui ressortent des dernières données du projet Global Burden of Disease (GBD), mené par l’Institute for Health Metrics and Evaluation sont désormais connues. Gluten, boissons sucrées et viande rouge ne figurent pas dans le «top 10».
Trop de calories, trop de graisses, trop de sucre, trop de viande, trop de cholestérol… Bien souvent, les messages qui caractérisent nos habitudes alimentaires, et dont découlent des recommandations ou objectifs nutritionnels, portent sur que ce que l’on consomme en trop grande quantité. Ils conduisent à adopter une position où la restriction est le maître-mot et à creuser le lit des frustrations. Avec, à la clé, une image peu attrayante de la diététique…
Pourtant, si l’on prend en compte les facteurs alimentaires qui sont les plus impliqués dans ce qui grignote le capital santé, d’après les dernières données du projet Global Burden of Disease, il devrait en aller tout autrement!
Manger plus d’aliments qui protègent
Sur les 8 facteurs principaux de risques alimentaires impliqués dans la perte d’années de vie en bonne santé, mis à part la consommation excessive de sodium qui figure en 4ème place, les 7 autres portent tous sur une consommation insuffisante d’aliments ou de nutriments:
- céréales complètes
- fruits
- noix et graines
- légumes
- oméga-3
- fibres
- légumineuses
Autrement dit, les objectifs nutritionnels prioritaires qui devraient être poursuivis ne sont pas du tout ceux dont on parle souvent, axés sur la réduction, mais bien la majoration de ce qui permet, d’un point de vue théorique, de gagner des années de vie en bonne santé.
La viande n’est pas une priorité!
La consommation excessive de viande rouge, le statut de cancérigène de la charcuterie, les boissons sucrées, les acides gras saturés, le gluten… font régulièrement les titres d’une certaine presse ou de recommandations à caractère anxiogène. Mais force est de constater que, mis à part les viandes transformées (qui regroupent les charcuteries), aucun de ces sujets ne figure dans le TOP 10 des risques alimentaires les plus importants. C’est dire si l’on se trompe souvent de coupable…
Et pour ce qui est des viandes transformées, le nombre d’années de vie en bonne santé perdues imputé à ces aliments (83 pour 100.000) est trois fois moindre que le nombre d’années de vie en bonne santé, susceptible d’être gagné par la seule majoration des légumes.
Les 3 premières mesures, à savoir manger plus de céréales complètes, de fruits et de noix et graines, offrent un gain d’années de vie en bonne santé 13 fois plus important, que ce que l’on peut espérer en réduisant sa consommation de viandes transformées et de viande rouge…
Pourquoi insistez vous chaque fois que c’est possible sur le fait que réduire la consommation de viande n’est pas dans le Top 10 des priorités? Il y a suffisamment de recherches qui montrent que la consommation de viande affecte négativement la santé. De plus une réduction de la consommation de viande peut être compensée par une augmentation de la consommation des végétaux dont les légumineuses et les oléagineux qui font quant à eux parie des priorités. Sans parler de la nécessité écologique de réduire la consommation de viande et des problèmes éthiques qui lui sont liés.
Parce qu’il me semble que dans un contexte où objectifs santé, environnement et éthique sont souvent confondus et utilisés pour défendre des convictions, il n’est pas inutile de faire la part des choses, ce que ces données montrent clairement. Tout le monde s’accorde sur l’intérêt de limiter la viande rouge au profit des végétaux, mais certains font de la viande rouge un « problème de santé majeur », ce qui, sur base de ces données, ne leur donne pas raison.