En près de 40 ans, la biologie évolutive* a recensé d’importants changements à travers le monde. Certes, nous avons allongé notre espérance de vie. Mais nous avons aussi grandi et notre poids a augmenté, tout comme notre consommation de calories. Les chiffres clés d’une analyse portant sur 186 pays.
Oui, ce n’est pas une surprise, le poids moyen de la population mondiale était significativement plus faible en 1975. Mais l’intérêt de cette étude sur la croissance démographique mondiale et les caractéristiques biophysiques associées ne s’arrête pas là. En suivant attentivement l’évolution de la taille, du poids, de l’âge et des besoins alimentaires des populations, on peut davantage mesurer avec efficacité le niveau de sécurité alimentaire requis pour subvenir aux besoins mondiaux.
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Plus lourds, plus grands, plus âgés
Dans cette étude norvégienne, les chercheurs ont analysé l’effet combiné des changements biophysiques et démographiques sur la population adulte de 186 pays entre 1975 et 2014. Au cours de cette période, la population mondiale s’est accrue de 116% en valeur absolue, mais de 149% si l’on considère la «masse d’humains» peuplant la terre aujourd’hui. Cela représente un surplus de 39,68 mégatonnes, soit l’équivalent en masse adulte de l’Inde ou de deux fois les États-Unis.
En 2014, le monde comportait près de 5 milliards d’habitants pour une masse totale de 322 mégatonnes. Par rapport à 1975, l’adulte mondial moyen en 2014 était en effet:
- 14% plus lourd (64,7 kg en moyenne par adulte),
- 1,3% plus grand (1,63 m en moyenne),
- 6,2% plus âgé (42 ans en moyenne).
De plus, sa consommation énergétique était supérieure de 6,1% (2615 kcal/jour en moyenne).
Parmi les pays, la prise de poids individuelle a varié entre 6 et 33% et la demande en calories a augmenté entre 0,9 et 16%. De manière surprenante, les plus grandes disparités existent en Afrique et en Asie où les situations extrêmes cohabitent.
Gérer le poids va devenir plus complexe: il faut mettre la terre au régime!
Au global, les apports en calories ont augmenté de 129% au cours de la période étudiée pour l’ensemble de la population mondiale. La croissance démographique y a contribué avec une proportion de 116%; le gains de poids et de taille pour 15%, alors que le vieillissement a tempéré la hausse des besoins en énergie de -2%. Cette demande nette supplémentaire de calories de 13% correspond aux besoins de 286 millions d’adultes, soit l’équivalent de 1,2 fois la population américaine et près de 2 fois celle du Brésil. Ces changements sont donc loin d’être anodins.
Premièrement, la population mondiale est presque en surpoids (BMI moyen de 24,4 kg/m2). Deuxièmement, les résultats de cette étude montrent que nous avons probablement sous-évalué la demande réelle en calories de la population mondiale dans les années à venir. Ce qui signifie que les ressources disponibles pour subvenir à cette demande sont encore bien plus importantes que prévu. En d’autres termes, nourrir neuf milliards de personnes en 2050 nécessitera beaucoup plus de calories que nourrir les mêmes personnes aujourd’hui. L’être humain devient peu à peu une espèce en danger, surtout s’il continue à grossir…
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* La biologie de l’évolution aussi nommée biologie évolutive est le domaine de la biologie qui vise à comprendre les scénarios et les mécanismes de l’évolution des espèces.