Selon une étude canadienne récente, l’enjeu dans la lutte contre l’obésité sert aussi dans la lutte contre le cancer. Des interventions préventives sur le poids pourraient en effet réduire significativement l’incidence du cancer. La preuve en chiffres.
«Le cancer est la principale cause de décès au Canada, et plusieurs types de cancers sont étroitement associés à l’excès de poids. Et pourtant, le nombre de Canadiens en surpoids ou obèses augmente», a déclaré Darren Brenner, Ph.D., professeur adjoint aux départements d’oncologie et des sciences de la santé communautaire à l’école de Médecine Cumming (Université de Calgary, Alberta, Canada).
Brenner fait partie d’un groupe de collaboration de plusieurs établissements au Canada, qui travaillent ensemble sur le projet évaluant le risque attribuable au cancer chez les Canadiens (ComPARe). Le but de ce projet est d’estimer combien de nouveaux cas de cancer sont causés par 25 facteurs de risque différents, y compris les facteurs de style de vie tels que l’alimentation, la taille et l’activité physique, et combien pourraient être évités au cours des 30 prochaines années.
Obésité et cancer sont étroitement liés dans le temps
Utilisant des données démographiques et des approches statistiques, Brenner et ses collègues ont d’abord extrapolé le nombre de Canadiens ayant un excès de poids corporel (obésité et surcharge pondérale) au cours des 30 prochaines années. Ils ont constaté qu’en 2011, la prévalence de l’embonpoint et de l’obésité au Canada était respectivement de 32,7% et de 17,8%. Si les tendances actuelles se poursuivent, d’ici 2032, la prévalence du surpoids et de l’obésité sera respectivement de 31,2% et de 27,9%!
Les chercheurs ont ensuite estimé que 8.626 cas de cancer (3.886 hommes et 4.740 femmes) étaient attribuables à un excès de poids corporel, soit 9,4% des 91.373 cas de cancer associés (8,8% pour les hommes et 10,1% pour les femmes). Des chiffres qui, projetés jusqu’en 2042 grimperaient à 15.747 cas de cancer pour hommes et 10.312 cas de cancer pour femmes, soit 10,8% et 11,2% respectivement des cas totaux de cancer.
Des interventions efficaces peuvent inverser la tendance
L’équipe a enfin étudié des scénarios d’interventions qui réduiraient la prévalence de l’excès de poids corporel de 10%, 25% et 50% d’ici 2042, puis ont estimé le fardeau du cancer dans ces nouveaux scénarios. Les chercheurs ont alors découvert qu’il serait possible de prévenir 1.660, 4.150 et 8.300 cas de cancer en 2042; soit un nombre cumulé de 11.966, 29.914 et 59.829 cas de cancer d’ici 2042, respectivement.
«Nos données fournissent des estimations alarmantes des conséquences de l’inaction au Canada», a déclaré M. Brenner. «Les résultats de cette étude informeront les décideurs, les responsables de la Santé publique et la population canadienne avec des cibles pour réduire le fardeau futur du cancer», conclut-il.