L’effet de la consommation de sel sur la pression sanguine varie d’une personne l’autre, ce qui a amené à revoir son importance. Pourtant, en termes de santé publique, la réduction des apports sodés reste une priorité, et son potentiel pour baisser la pression sanguine est reconfirmé.
L’hypertension artérielle représente un des principaux facteurs de risque impliqués dans la réduction de l’espérance de vie corrigée pour l’invalidité, selon le Global Burden of Disease. La principale mesure diététique en cas d’hypertension consiste à réduire la consommation de sodium, donc de sel. Et il y a de quoi faire, puisqu’en Belgique comme dans de nombreux autres pays, la consommation est proche du double de la limite recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (5 g de sel par jour). Néanmoins, l’effet d’une réduction sodée sur la pression sanguine n’est pas le même chez tout le monde. Cette sensibilité interindividuelle a contribué à relativiser l’importance de s’attaquer à la réduction sodée.
À lire aussi : La quercétine, un flavonoïde qui diminue la pression sanguine
Quel effet du sel en cas de traitement antihypertenseur ?
Une autre question qui se pose, c’est l’effet du niveau de consommation de sel sur la pression sanguine des personnes sous médicament antihypertenseur. Cela n’a été que peu étudié, avec pour conséquence une relative faible attention pour sa consommation de sel lors d’un traitement contre l’hypertension. Cette étude d’intervention publiée dans le JAMA apporte des éléments de réponse.
Elle porte sur 213 personnes âgées de 50 à 75 ans, parmi lesquelles 25 % avec une tension artérielle normale, 20 % avec une hypertension contrôlée, 31 % avec une hypertension non contrôlée (mais sous médication) et 25 % avec une hypertension non traitée. Tous ont suivi, selon un schéma en cross-over, une semaine d’alimentation riche en sel (5,5 g de sel ajouté à l’alimentation habituelle par jour), et une semaine d’alimentation pauvre en sel (environ 1,25 g de sel au total par jour).
À lire aussi : Café et thé associés à un risque moindre d’AVC et de démence
Sel et pression sanguine sont associés
Cette étude aboutit aux résultats suivants :
- Une différence significative de 4 mm Hg apparait entre la pression sanguine systolique médiane de l’alimentation riche en sel et celle de l’alimentation pauvre en sel.
- Cette différence se retrouve quel que soit le statut d’hypertension.
- Par rapport à l’alimentation riche en sel, le passage à l’alimentation pauvre en sel induit une diminution de la pression artérielle chez 73,4 % des participants.
- Le seuil d’une réduction d’au moins 5 mm Hg habituellement utilisé pour considérer quelqu’un comme sensible au sel est atteint chez 46 % des participants.
- À la fin de la première semaine d’intervention, la différence de pression sanguine systolique moyenne entre les personnes mangeant riche en sel et celles mangeant pauvre en sel atteignait 8 mm Hg, et était similaire selon l’âge, le genre, la race, l’hypertension, la pression sanguine à l’enrôlement, la présence de diabète et le BMI.
Les auteurs concluent dès lors que la réduction sodée réduit de manière significative la pression sanguine chez la majorité des adultes âgés, et que cette réduction est indépendante du statut d’hypertension. Cela relance donc l’intérêt que peut représenter la limitation de sa consommation de sel (qui fait l’objet de bien moins d’attention que le sucre). Le problème étant que de se limiter à 1,25 g de sel par jour en tout et pour tout peut s’effectuer dans une intervention d’une semaine, mais parait irréaliste dans la vie courante pour la grande majorité de la population…
À lire aussi : Best-sellers en nutrition : mais où est passée la science ?