C’est l’une des premières études à mettre en avant l’impact négatif de la vitamine E en prévention du risque de pneumonie. Alors que nombreux sont les patients qui se voient prescrire une supplémentation pour renforcer leur système immunitaire.
L’effet de la vitamine E est fonction du mode de vie
Une équipe de l’Université d’Helsinki montre, dans le British Journal of Nutrition, des effets différents d’une supplémentation en vitamine E, chez certains hommes âgés, en fonction de leur mode de vie. La prise de suppléments de vitamine E conduit ici à un risque accru de pneumonie, chez 28% des participants: des hommes plus âgés, certes fumeurs et sédentaires. Cependant, l’effet inverse est également vrai pour les hommes plus âgés non-fumeurs et actifs! Chez ces derniers, la vitamine E réduit le risque de pneumonie. Des résultats qui contredisent l’épidémiologie nutritionnelle et l’effet généralement uniforme d’un nutriment.
Connue pour ses propriétés anti-oxydantes, la vitamine E qui est indispensable à l’organisme, peut être apportée par une alimentation équilibrée, sans avoir besoin de recourir à des suppléments de vitamine E.
La quantité de vitamine E requise est de 4 mg/jour pour les hommes et de 3 mg/jour pour les femmes. Un bon apport continu de la vitamine E, tout au long de la vie a son importance. Pourtant sa carence en population générale est fréquente.
Certaines études ont suggéré sa participation à la prévention des principaux types de maladies rhumatismales, de la cataracte, ses bénéfices dans les processus de mémorisation et dans la diminution du déclin cognitif chez les patients présentant une forme légère à modérée de la maladie d’Alzheimer.
En revanche, son impact néfaste a également été évoqué dans certains cancers, notamment le cancer du poumon.
Ses sources sont principalement les huiles végétales, principalement l’huile de tournesol et les huiles issues de mélanges, les noix, les graines, les épinards et le germe de blé.
Une question d’activité physique et de tabagisme
L’étude qui a porté sur 29.133 hommes âgés de 50 à 69 ans, participant à la cohorte finlandaise Alpha-Tocopherol Beta-Carotene Cancer Prevention Study (ATBC), constate que l’effet de la vitamine E sur la santé dépend de différentes caractéristiques, des patients et de leurs modes de vie.
Durant les 8 ans de l’étude, 898 cas de pneumonie ont été diagnostiqués. La vitamine E a augmenté le risque de pneumonie de 68% chez les hommes ayant la plus forte exposition au tabagisme et qui ne pratiquent pas d’activité et d’exercice physiques (soit 22% des participants de la cohorte),
la vitamine E a réduit de 69% le risque de pneumonie des participants les moins fumeurs et les plus actifs pendant leur temps de loisirs (7 à 6% de la cohorte).
Des résultats qui réfutent ainsi le principe d’un effet uniforme de la supplémentation, sur le risque de pneumonie. Avec des conséquences importantes, en particulier la prise en compte dans les études, dans les lignes directrices et dans les prescriptions d’effets spécifiques à des sous-groupes de population. Les auteurs appellent dès maintenant à ne plus prescrire la supplémentation en vitamine E «en population générale pour améliorer le système immunitaire». Ils appellent également à poursuivre la recherche sur la vitamine E et ses effets sur la santé.
Enfin, on retiendra qu’une estimation «universelle» de l’effet de la vitamine E pourrait être trompeuse pour certains groupes de population.
Hemilä H., British Journal of Nutrition, 26 October 2016. DOI: 10.1017/S0007114516003408.