Cette étude confirme, pour la dépendance à l’alcool, un phénomène similaire à d’autres addictions: certains stimuli entraînent un comportement répétitif de consommation et deviennent, à terme, parties prenantes du «cérémonial» de la consommation. Ce dernier devient attrayant et capable de déclencher une récompense -ou du plaisir-, au même titre que l’alcool.
Les humains ne sont pas très différents des autres animaux, rappellent les auteurs de l’Université Concordia et sont capables, comme le chien de Pavlov, par conditionnement, d’associer stimuli environnementaux et récompenses.
Ces signaux pavloviens qui prédisent la consommation d’alcool peuvent nous mener à la dépendance. Tout comme les stimuli alimentaires peuvent nous mener à l’obésité. Mais de plus, dans certains cas, ces stimuli peuvent devenir attrayants.
Des conclusions obtenues sur l’animal, qui peuvent contribuer à développer de nouvelles thérapies capables d’atténuer ces réponses indésirables à ces signaux associés à la consommation et à la récompense.
Dépendance aggravée par notre capacité d’apprentissage
Nous apprenons à répéter nos comportements à partir d’indices prédictifs. Or, ces signaux prédictifs de la consommation d’alcool deviennent eux-mêmes attirants. Nous répétons donc ces comportements, aussi pour le plaisir que nous retirons de nos interactions avec ces signaux. L’implication est simple: pour changer ses habitudes de consommation, il faut aussi modifier l’ensemble des facteurs entourant la consommation.
Par exemple, des verres spécialement conçus pour différents types d’alcools et qui favorisent, chez leur utilisateur, de fortes préférences pour ces mêmes boissons.
Un signal prédictif désirable
25 rats de laboratoire conditionnés pour associer un signal visuel à la présence d’éthanol finissent par se rendre à l’endroit précis où ils peuvent avoir accès à l’alcool. Cependant, au bout d’un certain temps, les rats se dirigent plutôt vers le signal visuel lui-même, pour interagir avec, plutôt que vers l’accès à l’alcool.
Et ce comportement se poursuit même si les rats ne gagnent rien à jouer avec le signal. Les rats se montrent même «prêts à faire des efforts» pour qu’on leur montre ce signal visuel précédemment associé à l’alcool… Ces résultats donnent à penser qu’un signal prédictif peut devenir en soi désirable.
En reproduisant ces comportements chez le rat, les chercheurs parviennent à mieux comprendre les facteurs qui régissent la dépendance chez l’Homme, mais peuvent aussi découvrir et tester des thérapies capables d’atténuer ces comportements indésirables, comme la réponse aux signaux qui prédisent la consommation d’alcool. Les modèles murins peuvent également renseigner sur les mécanismes du cerveau en jeu.
Chandra S. Srey et al., Front. Behav. Neurosci., Vol. 9, 00054, 2015.