Pourquoi les fumeurs prennent-ils du poids quand ils arrêtent le tabac? Au-delà de l’augmentation de l’apport calorique possible, destiné «à compenser», c’est un changement profond dans la composition de la flore intestinale ou microbiote intestinal qui intervient après l’arrêt de la cigarette qui pourrait expliquer une bonne partie de la prise de poids.
L’étude, menée par la Fondation scientifique nationale suisse, décrypte ces modifications du microbiote et leurs effets sur le métabolisme. Beaucoup d’anciens fumeurs prennent du poids après avoir arrêté de fumer en raison d’une combinaison de facteurs, tels que l’arrêt de l’effet de la nicotine qui incite le corps à brûler des calories plus rapidement, agit aussi comme un coupe-faim, ou encore le réflexe de manger pour contrer l’envie de fumer.
Une étude récente, publiée dans le JAMA, constatait ainsi, que dans les 4 ans suivant l’arrêt du tabac, que la prise de poids moyenne était de 2,7 kg à comparer à 0,9 kg pour les « démissionnaires » de long terme comme pour les (toujours) fumeurs et à 1,4 kg pour les non-fumeurs. Ici, les chercheurs de l’Hôpital universitaire de Zurich estiment la prise de poids à 7 kg en moyenne et à court terme pour 80% des fumeurs qui arrêtent. Une prise de poids indépendante –en partie- de l’apport calorique, qui s’explique par la prévalence élevée de ces mêmes souches bactériennes caractérisant le microbiote en cas d’obésité.
C’est en analysant le matériel génétique des bactéries intestinales d’échantillons de selles de 20 personnes suivies durant 9 semaines dont 5 non -fumeurs, 5 fumeurs et 10 fumeurs ayant arrêté une semaine après le début de l’étude, que l’équipe montre que l’abandon du tabac entraîne une profonde modification de la composition du microbiote intestinal. Ainsi les familles de proteobactéries et de «Bacteroidetes» se développent au détriment des «Firmicute » et des Actinobactéries.
Simultanément, les participants ayant juste cessé de fumer prennent 2,2 kilos en moyenne même avec un régime alimentaire identique Une nouvelle composition de la flore intestinale, plus diversifiée, se met progressivement en place (voir schéma de gauche) après l’arrêt du tabac, qui favorise le stockage de l’énergie et favorise la prise de poids.
Biedermann L. et al., PLoS ONE, 2013, 8(3): e59260. Visuel Fotolia