Les problèmes alimentaires sont courants chez les personnes atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme: 46 à 89% d’entre elles en souffriraient. Ce phénomène était au centre du colloque Autisme & Moeilijke eters, organisé à Anvers le 14 mars.
Au moins cinq fois plus de risques en cas d’autisme
La proportion de personnes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) affectées par un problème alimentaire dépend de divers facteurs, dont la catégorie d’âge. Selon différentes enquêtes, 46 à 89% d’entre elles seraient concernées, a indiqué le Dr Petra Warreyn (UGent) durant la conférence. Il est aussi apparu que le risque de trouble alimentaire serait 5 fois plus élevé chez les personnes avec un TSA.
La sélectivité alimentaire est le problème le plus fréquent (70% des troubles alimentaires chez les personnes souffrant d’un TSA). Elle peut être basée sur le type d’aliment, la texture, le goût, la couleur… Les autres problèmes courants incluent:
- La régurgitation ou le fait de garder les aliments en bouche (18%), le pica (15%)
- Les troubles de la motricité buccale (15%)
- Les problèmes relatifs au contexte du repas: heure et lieu, présentation et service (40%)
Les personnes avec un TSA sont donc sensiblement plus nombreuses à développer un trouble alimentaire, mais Marleen D’hondt (logopède, UZGent) a précisé que seulement 3% de ce groupe développait des problèmes inquiétants.
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Un processus complexe pour tous les enfants
Marleen D’hondt a ensuite abordé plus en profondeur le traitement des stimuli lors des repas. Pour les enfants, manger et boire sont des processus complexes. En plus de répondre à des besoins physiologiques, il s’agit aussi – dès le plus jeune âge – de moments cruciaux pour:
- apprendre comment se tenir à table
- développer des compétences (par ex. motricité buccale)
- passer du temps ensemble et améliorer la communication
- découvrir les perceptions sensorielles
Pour les enfants avec un TSA, la situation peut être encore plus difficile, en raison de la quantité de stimuli.
À travers les différentes présentations, des exemples ont montré que les problèmes alimentaires liés à l’autisme pouvaient s’exprimer de diverses manières. Les personnes atteintes d’un TSA mangent parfois trop ou trop peu, sont sensibles aux odeurs, couleurs et textures, oublient de manger et de boire ou n’ont au contraire pas de limites, ne consomment qu’un nombre restreint d’aliments, ne veulent manger que dans un service bien précis ou à côté de quelqu’un qu’ils connaissent,…
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Chercher la cause
Ces troubles alimentaires ont principalement un grand impact sur la famille et peuvent être source de stress et de frustration. Pour s’attaquer au problème, il est recommandé de commencer par réaliser une analyse (D’où vient-il? Quels sont les facteurs psychologiques ou physiologiques sous-jacents [problème d’intégration sensorielle, gastro-intestinal, lié aux fonctions exécutives,…]?) Il est ainsi possible de trouver une solution.
Pour Pats Boeykes (logopède, ZNA UKJA Anvers), cette observation et cette analyse sont essentielles. Comme chaque enfant est différent, la situation doit être examinée au cas par cas. Une approche individuelle est donc plus efficace.
«Ne mettez pas la barre trop haut», a ajouté Ingrid De Ceuster (diététicienne) lors du colloque. «Fixez ensemble des objectifs à long terme, avec des étapes intermédiaires réalistes et pas trop ambitieuses», a-t-elle poursuivi. Pour aider les enfants difficiles à table, voici quelques éléments importants:
- se concentrer sur le positif et le renforcer,
- adopter une approche individuelle et adaptée à chaque patient,
- travailler en concertation avec l’enfant concerné,
- ne pas se préoccuper des conventions,
- déterminer les besoins individuels,
- adapter régulièrement ses attentes,…