Un rapport détaillé de l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique, en France, fait l’état des lieux du Bio en comparaison du secteur conventionnel. Il démontre plusieurs bénéfices, mais ceux-ci restent mesurés sur le plan nutritionnel.
Comment comparer le Bio et le conventionnel?
Pour procéder à cette évaluation forte de 280 études scientifiques, le choix méthodologique était d’analyser les externalités de l’Agriculture Biologique (AB) au regard de celles générées par l’agriculture «non AB», dite «conventionnelle» (AC). Il s’est agi d’identifier, de caractériser, de quantifier et de chiffrer d’un point de vue économique les différentiels d’externalités entre AB et AC. La bibliographie est convergente sur de moindres externalités négatives de l’AB par rapport à l’AC: les plus importantes sont liées à l’interdiction des pesticides de synthèse et, dans une moindre mesure à l’interdiction des engrais azotés de synthèse.
Les effets les mieux quantifiés sont ceux liés à la pollution des ressources en eau utilisées pour la production d’eau potable, dont les coûts pour la collectivité sont effectifs et élevés. Pour la biodiversité, il est avéré que la non-utilisation de pesticides de synthèse génère moins d’impacts négatifs sur la faune, en particulier les abeilles.
Des effets évidents sur la santé et le social
Le rapport indique que l’AB réduit les risques d’intoxications aiguës par les pesticides (5.000 à 10.000 cas par an) et de bactéries résistantes aux antibiotiques. Par ailleurs, les aliments biologiques sont susceptibles d’avoir une teneur plus faible en cadmium. Sur un plan nutritionnel, le rapport ne contredit pas ce que l’on savait déjà: certains composants (antioxydants, oméga-3…) sont présents en plus grandes quantités dans les aliments biologiques, mais il est actuellement impossible d’en déduire un effet spécifique sur la santé, car les études sur le sujet sont rares.
La cohorte BioNutrinet a toutefois permis de montrer que les consommateurs réguliers d’aliments bio ont moins de problèmes d’obésité et de pathologies associées, mais les habitudes alimentaires et les comportements ou modes de vie sont aussi plus sains.
Sur le plan social, les bénéficies de l’agriculture biologique ont aussi été chiffrés. Le bénéfice en emploi est estimé entre 10 et 18 euros par hectare de grande culture chaque année. À cela s’ajoute, un renforcement des liens sociaux, notamment grâce aux réseaux de distributions comme les Amaps (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), ou d’approvisionnement direct à la ferme.