Les micro-organismes qui vivent dans le tube digestif ne sont plus considérés comme de simples « habitants », ils forment désormais une entité à considérer comme un véritable organe.
Le 1er Sommet international sur les probiotiques et la santé était l’occasion pour de nombreux scientifiques de souligner le rôle majeur que joue la population microbienne que nous hébergeons, et que nous découvrons progressivement grâce aux nouvelles techniques. Signe des temps, la Société européenne de neuro-gastroentérologie et motilité lui consacre désormais une section. Le terme « flore intestinale » est abandonné, au profit de celui de microbiote intestinal, tout simplement parce qu’il ne s’agit pas de plantes, mais aussi parce que les espèces cultivables ne sont qu’une petite partie de cette population. Une population dont les 3.3 millions de gènes comptabilisés à ce jour traduisent la complexité.
Le microbiote, dont on distingue actuellement trois profils (les entérotypes) joue un rôle essentiel dans la nutrition, puisqu’il dégrade de nombreux substrats pour nous permettre d’en extraire l’énergie. Ce microbiote apparaît de plus en plus comme un facteur clé pour que l’organisme trouve le juste équilibre entre l’activité du système immunitaire pour nous défendre, et la tolérance pour ne pas répondre de manière indésirable (inflammation, atopie…). Les données s’accumulent pour considérer que le microbiote gagne à être le plus diversifié possible, et que la rupture de l’harmonie entre les micro-organismes protecteurs et les indésirables (dysbiose) est associée à des pathologies qui vont bien au-delà de la sphère digestive, pouvant même aller jusqu’à l’obésité.
L’hypothèse formulée au début du 20e siècle par Metchnikoff, selon laquelle les bactéries lactiques pouvaient contribuer à la santé et la longévité, est donc toujours actuelle, et c’est la voie empruntée par les probiotiques. Probiotiques qui ont déjà apporté des arguments convaincants dans des situations (certaines diarrhées, syndrome de l’intestin irritable, entéropathie nécrosante…), mais qui doivent encore faire leurs preuves dans bien d’autres domaines. Et le professeur Olivier Goulet (Hôpital Necker, Paris) de conclure que depuis Metchnikoff, les probiotiques sont passés, en un siècle, d’une intuition à une médecine basée sur les preuves.