Les données de cohortes NutriNet-Santé rapportent des différences significatives dans la prévalence et l’incidence de l’obésité et de l’excès de poids parmi ceux qui mangent de façon peu ou très durable.
Les relations entre une alimentation saine pour la planète et saine pour l’Homme sont ambiguës. Si de manière globale, des apports plus adaptés aux besoins énergétiques réels, avec une composante végétale forte, sont favorables à la durabilité, il est aussi possible d’avoir une alimentation durable de piètre qualité nutritionnelle, et une alimentation nutritionnellement correcte avec une forte empreinte écologique. Louise Seconda, de l’Université Paris 13 et ses collègues ont mené les investigations auprès de la cohorte NutriNet-Santé, composée alors de 15 626 participants, dont 76% de femmes.
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Moins de surpoids parmi ceux qui mangent plus durable
La durabilité a été évaluée à l’aide du Food Sustainability Index (FSI), développé par la Intelligence Unit de The Economist et le Barilla Center for Food & Nutrition. Cet index permet de jauger le caractère durable de l’alimentation au travers de trois dimensions: environnementale, sociétale et économique. Il tient compte des pertes et du gaspillage alimentaire, de la durabilité de l’agriculture et des défis nutritionnels. Ils sont chacun divisés en 8 catégories, pour lesquels il existe 35 indicateurs sur une échelle de 0 à 100 (100 étant le plus durable). Les chercheurs ont classé les participants par quintile de SDI et par sexe. La période de suivi est de 2,8 ans.
Les résultats montrent qu’au départ une proportion plus élevé de personnes présentant un excès de poids se retrouvent dans le quintile SDI le plus bas (le moins durable), que dans le quintile 5 (le plus durable): 29,8% dans le Q1, contre 12,7% dans le Q5.
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Une prise de poids quotidienne de 160 g supplémentaires
Les recherches menées sur l’évolution du poids au cours de la période de suivi révèlent que par rapport à ceux du quintile le plus durable, ceux dans le quintile le moins durable prennent chaque jour 160 g (au niveau de la population). Le poids dans les autres quintiles restant relativement stable. De plus, au cours des 2,8 ans de suivi, 281 cas d’obésité et 777 cas de surpoids sont apparus, mais ici encore avec des différences importantes selon les quintiles de durabilité:
- L’obésité a augmenté de 4% dans le quintile le moins durable, contre 2,4% dans le quintile le plus durable.
- L’excès de poids a augmenté de 1,5% dans le quintile le plus durable, contre 2% dans le quintile le moins durable (différences statistiquement significatives).
En d’autres termes, ces données suggèrent bel et bien qu’une alimentation avec un index de durabilité élevé pourrait avoir un potentiel préventif vis-à-vis du développement de l’excès de poids, tout au moins par rapport à une alimentation la moins durable. La lecture est cependant moins claire pour les niveaux de durabilité intermédiaires.
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