Ce n’est pas tant la consommation de viande, que celle de confiseries, d’alcool et la fréquentation des restaurants qui a la plus grande influence sur l’empreinte carbone des familles, selon cette étude menée au Japon.
Voilà qui peut sembler étonnant: alors que dès que l’on aborde le sujet de l’empreinte carbone de l’alimentation, la viande est systématiquement pointée du doigt, c’est un éclairage différent qu’apporte cette étude menée auprès de 60 000 foyers au Japon. Pour ce faire, une équipe de chercheurs nippon-européenne a procédé à une analyse détaillée, selon une approche basée sur le cycle de vie, de toute la chaîne alimentaire. Ils ont constaté qu’alors que la consommation de viande est relativement constante au sein des ménages, l’empreinte carbone, elle, de l’était pas. Force était donc de constater que d’autres éléments que la viande sont à l’origine de cette variabilité.
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Une taxe carbone sur les bonbons et l’alcool?
Leur étude, publiée dans la revue Onearth, révèle que la consommation de viande est à l’origine de moins de 10% des différences observées dans l’empreinte carbone des familles japonaises. Elle montre que les familles avec la plus forte empreinte carbone tendent à consommer plus de nourriture au restaurant, plus de légumes et de poisson. Cependant, c’est surtout la consommation de confiseries et d’alcool qui fait la différence.
Ce constat suscite la réflexion dans un contexte où l’on évoque une «taxe carbone», qui conduirait à taxer en particulier la viande. Mais pour l’auteur principal, Keiichiro Kanemoto (Research Institute for Human and Nature, Kyoto), il pourrait être plus sage de cibler les confiseries et les boissons alcoolisées! Ces données montrent que la problématique d’une empreinte carbone élevée ne concerne pas que le petit nombre de «meat lovers» que compte le Japon, et qu’il serait préférable de cibler des denrées moins nourrissantes qui sont consommées de façon excessive dans certaines population, estime Kanemoto, qui ne nie pas pour autant l’intérêt de réduire également sa consommation de viande.
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Tenir compte des spécificités régionales
Un des co-auteurs, le Dr Christian Reynolds (Institute of Sustainable Food, University of Sheffield, fait remarquer à juste titre qu’avant de formuler des recommandations spécifiques par pays pour une alimentation durable, il importe de tenir compte des spécificités régionales dans la consommation alimentaire et la production de nourriture.
Ces données montrent que la recherche peut aider à déterminer sur quoi il importe de se concentrer. Mais si la viande n’a qu’une faible contribution dans cette étude menée au Japon, où la consommation de viande n’est pas très élevée, la situation serait très différente dans les pays à forte consommation. Néanmoins, pour Reynolds, les mêmes modèles de changement alimentaires en termes de sucreries, d’alcool et de fréquentation des restaurants doivent être pris en compte au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Europe.
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