Le régime planétaire pour nourrir le monde en 2050 prôné par la Fondation EAT ne serait pas accessible à toute une partie de la population en raison de son coût trop élevé. C’est ce qu’affirme cette étude de la Tuffs University.
Nourrir le monde en 2050 de façon nutritionnellement adéquate, tout en tenant compte des ressources planétaires, tel est l’objectif louable de la commission EAT-Lancet. Les 37 experts issus de 16 pays qui ont travaillé à ce projet sont parvenus à dresser une assiette optimale, l’assiette EAT ou le régime planétaire sain, proposant des quantités précises pour différents aliments.
Sans surprise, celle-ci est de type «flexitarien», avec une large part de végétaux, elle tolère des produits animaux en quantités modérées et limite les sucres ajoutés. Mais selon de nouvelles recherches, son coût la rendrait inaccessible à toute une partie de la population.
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pour nourrir le monde en 2050
L’assiette EAT 64% plus chère que le minimum
Des chercheurs de la Friedman School of Nutrition Science and Policy de la Tuffs University se sont intéressés à ce qu’ils considèrent comme la principale lacune du rapport EAT-Lancet, à savoir l’accessibilité du régime planétaire sain proposé. Leur étude, publiée dans The Lancet Global Health, a bénéficié d’un financement de la Fondation Bill & Melinda Gates. Les chercheurs ont examiné en détail les prix de 744 aliments dans 159 pays.
Les résultats révèlent que l’assiette EAT coûte 64% de plus que la combinaison la moins chère en un mix de 20 nutriments essentiels, et qu’elle contient des quantités d’aliments animaux, de fruits et de légumes plus élevées que le minimum requis pour être nutritionnellement adéquate, et bien plus élevées que ce qui est actuellement consommé dans les pays à bas revenus.
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Inégalités
Les chercheurs évaluent le coût médian de l’assiette EAT à 2,84 dollars par jour, ce qui représente 81,1% du revenu per capita dans les pays à bas revenus. C’est donc plus élevé que ce que ces personnes peuvent se permettre de dépenser pour leur nourriture. Au total, il y aurait 1,58 milliard de personnes qui ne pourraient pas se payer l’assiette EAT. Ce nombre serait encore plus élevé si l’on devait ajouter au coût des aliments, le coût lié à leur préparation et au non alimentaire qui s’y rapporte.
À l’inverse, dans les pays à hauts revenus, l’assiette EAT-Lancet ne représenterait que 6,1% des revenus, ce qui est moins de la moitié de la situation actuelle dans de nombreux pays.
Cette analyse montre une fois de plus qu’en matière d’alimentation saine et durable, des inégalités subsistent. Mais elle a ses limites aussi, car l’acte de manger, donc le choix et l’achat des denrées, ne se fonde pas uniquement sur des aspects aussi rationnels que la couverture en nutriments essentiels, l’empreinte carbone et le prix, ce qui rend l’équation encore plus complexe!
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